Le Forum des Loups
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Le Forum des Loups

Bienvenue chez les loups
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Sujets similaires
    Le Deal du moment :
    Display Star Wars Unlimited Ombres de la Galaxie : ...
    Voir le deal

     

     Rêve de Gloire

    Aller en bas 
    3 participants
    AuteurMessage
    Jilezor
    Conteur
    Conteur



    Nombre de messages : 111
    Date d'inscription : 13/09/2006

    Feuille de personnage
    nom: Jilezor
    race: Humain
    classe: Mage

    Rêve de Gloire Empty
    MessageSujet: Rêve de Gloire   Rêve de Gloire Icon_minitime13/08/09, 01:20 pm

    A quarante-trois ans, on avait toutes les raisons de croire que Dogon était un homme comblé par la vie. La plupart des gens le prenait pour un richissime dilettante, passionné par les femmes et les bijoux – et ils avaient dans l’ensemble raison.

    C’est vrai qu’il possédait la plus importante collection privée de bijoux de tout le Nord de Faerün. Et pour les femmes... disons que dans ce domaine, sa collection était à peine moins étoffée. A commencer par sa propre épouse, qui à une époque avait été la plus belle femme de des contrées alentours, et qui restait encore une des femmes les plus en vue de Lunargent – mais malheureusement pas une des plus aimantes. Il était bien conscient qu’il avait lui-même perdu un peu de sa superbe depuis qu’il n’avait plus vingt-cinq ans – il commençait à perdre ses cheveux, et il avait de plus en plus de mal à cacher son embonpoint, autre signe qu’il aimait les bonnes choses de la vie – mais il savait aussi qu’il lui restait une bonne dose de charme, et qu’à bien y penser ce qu’il avait perdu était plus que compensé par un prestige accru et une richesse indécente. Ce qui faisait que, l’un dans l’autre, il avait toujours autant de succès auprès de la race dite faible. Pour tout dire, depuis quelques années, les jeunes idéalistes commençaient sérieusement à lui échapper : de moins en moins, elles se laissaient acheter par ses bijoux ou sa position. En fait, cela le chagrinait à peine : des idéalistes, il en avait soupé. D’ailleurs il trouvait qu’elles utilisaient bien trop leur tête pour vraiment savoir se servir du reste de leur corps. Du coup, ces défections n’entamaient même pas sa confiance en lui.

    En fait, le grand public ne se trompait guère que sur un point : Dogon n’avait rien d’un dilettante. Enfin, si. Il partageait effectivement beaucoup des caractéristiques du dilettante. Mais ce que presque tout le monde ignorait, c’est que Dogon exerçait un travail des plus particuliers. Des plus discrets aussi. D’une certaine façon – un rien romantique – Dogon se voyait comme l’un des personnages les plus importants de la Lunargent de l’Ombre. Façon maladroite de flatter son ego, lui qui était indubitablement une créature de la Lumière. Mais à n’en pas douter, dans ce domaine aussi, il avait réussi.

    En fait, la pièce dans laquelle il se trouvait présentement le résumait assez bien. Pour commencer, elle n’avait pas un nom bien à elle. Tantôt l’atelier, le refuge, la salle de travail, voire même le bureau comme le disait sa femme, avec une certaine pudeur. Des quatre coins de la pièce, étaient tendus de lourds pans de velours rouge. Pour certains, cela donnait une atmosphère martiale à la pièce, mais selon Dogon cela apportait la chaleur qui manquait à cet endroit. Le bureau en acajou lui-même trônait presque au centre de la salle. En fait, il était plus proche de quatre pieds de la fenêtre que de la porte, à laquelle il faisait face. Enfin, une quantité de petites vitrines s’enroulait paresseusement autour du bureau, à en encombrer la pièce. Cet agencement, Dogon l’avait parfait au fil des années. Le cœur de la collection de bijoux du dilettante-malgré-lui se trouvait ici, dans ces vitrines. Selon le goût de Dogon, cet endroit était assurément le plus beau et le plus précieux de tout Faerün (et surtout, c’est à lui qu’il appartenait).

    Depuis le temps, Dogon connaissait assez les femmes pour savoir qu’un tel endroit aurait pu devenir un incomparable poids dans la balance de sa séduction. Il se considérait magnanime envers la race dite faible, mais il devait reconnaître qu’elles perdaient leur peu d’intelligence devant quelques brillants. Alors en ce lieu, même les plus idéalistes n’auraient pu résister à son charme.

    Et pourtant... elles étaient rares celles qui, l’espace d’un instant, avaient aperçu cet endroit. Dogon le protégeait bien jalousement. Sa femme, sa propre femme, n’avait pas dû y mettre les pieds depuis des années. A bien y réfléchir, le nom véritable de ce lieu ne pouvait être autre que : ‘Jardin Secret’. C’est pourquoi il ressentait tant de colère, ce soir : on avait violé ce qu’il avait de plus intime.

    A mesure qu’il reprenait le contrôle de lui-même, le conseiller Dogon sentait que la colère se muait en désespoir. Une dernière fois, il se pencha par la fenêtre, et contempla la rue presque déserte à cette heure-ci. Il était plus que temps de prendre une décision.

    « Allez me chercher madame de Mesnac ainsi que sa fille. Et au plus vite, je vous prie. Vous installerez la dame dans le salon vert, et vous ferez monter discrètement sa fille jusqu’ici.
    - Sa fille, monseigneur ?
    - Oui, sa fille, Marysa, la demoiselle de Mesnac. Et je me passe de vos commentaires. Allez, au trot ! »

    Heureusement pour lui, le garde leva le camp aussitôt. Dogon aurait bien aimé pouvoir faire retomber la faute sur ses gardes, mais il ne voyait pas comment s’y prendre. Et qui plus est, cela n’aurait pas été très honorable. Sans s’en rendre compte, il était revenu jusqu’au centre de la pièce. Il fallait bien se rendre à l’évidence : d’une façon ou d’une autre, il avait échoué. Et l’échec signifiait presque toujours la mort dans le milieu dans lequel il essayait de s’introduire. Et il n’avait certainement pas l’intention de mourir, pas encore en tout cas. Après tout, il y avait peut-être un moyen de mettre ça sur le dos d’un subalterne. A quoi les payait-il, si ce n’est à le défendre par tous les moyens ?

    Une très jeune femme – à peine plus qu’une gamine – entra dans la pièce, toute en grâce, et le sourire aux lèvres : « Alors mon bon Dogon ? Vous l’avez déjà perdue ? »

    Il manqua s’étrangler. Comment diable pouvait-elle le savoir ? Il tenta de balbutier quelque chose, mais elle le coupa aussitôt.

    « Avant que vous ne m’accusiez de sorcellerie, ou pire – d’espionnage – je vais vous dire la vérité : je l’ignorais. Mais c’est ce que j’appelle un bluff raisonné. Me faire venir chez vous, et précisément dans cette pièce, sans autres explications... Elle fit un petit geste qui voulait dire que l’affaire était entendue. Cette entrée en matière, mon bon Dogon, n’est pas sans raison : elle devrait permettre que vous cessiez de me regarder comme une enfant... Si j’en ai peut-être le corps, je n’en ai pas l’esprit. Des questions ? »

    Et elle alla s’affaler dans le siège derrière le bureau – son siège à lui !

    D’ailleurs, il avait le net sentiment que tout dans cet entretien était inversé : c’était à elle de poser les questions, ne serait-ce que de demander comment cela avait pu se passer... Il fit comme si elle les avaient posées, et tenta d’y répondre.
    à suivre…
    Revenir en haut Aller en bas
    Gorbs
    Intendant
    Intendant
    Gorbs


    Lion Nombre de messages : 1731
    Age : 48
    Localisation : En ce moment... là
    Date d'inscription : 11/09/2006

    Feuille de personnage
    nom: Balin Brickarms
    race: nain
    classe: guerrier

    Rêve de Gloire Empty
    MessageSujet: Re: Rêve de Gloire   Rêve de Gloire Icon_minitime13/08/09, 01:56 pm

    ( cela promet )
    Revenir en haut Aller en bas
    Lorac
    Maitre de Guilde
    Maitre de Guilde
    Lorac


    Lion Nombre de messages : 636
    Age : 50
    Date d'inscription : 12/09/2006

    Feuille de personnage
    nom: Lorac de Follen
    race: Humain
    classe: Paladin

    Rêve de Gloire Empty
    MessageSujet: Re: Rêve de Gloire   Rêve de Gloire Icon_minitime14/08/09, 09:12 am

    ( oui !! Very Happy )
    Revenir en haut Aller en bas
    http://cocor.free.fr/char.php?member_id=17
    Jilezor
    Conteur
    Conteur



    Nombre de messages : 111
    Date d'inscription : 13/09/2006

    Feuille de personnage
    nom: Jilezor
    race: Humain
    classe: Mage

    Rêve de Gloire Empty
    MessageSujet: Re: Rêve de Gloire   Rêve de Gloire Icon_minitime20/08/09, 09:25 am

    « Pour ce que nous en savons, ils étaient postés de l’autre côté de la rue, sur une terrasse au même niveau. Avec une arbalète de forte puissance, ils ont envoyé un filin jusqu’ici, au dessus de la fenêtre. Arrivés là, ils ont descellé un des barreaux. Et c’est ainsi qu’ils se sont introduits dans cette pièce.
    - Je vois, répondit Marysa, mais son regard semblait voleter dans la pièce sans vraiment prêter la moindre attention au conseiller Dogon.
    - Ils sont ensuite venus jusqu’à cette vitrine, et ont dérobés toutes les pièces de cette rangée... y compris la nôtre, donc.
    - Nous y voilà. Que faire maintenant ? se demanda-t-elle, en le gratifiant de son plus beau sourire.
    - Je... c’est à dire... Je pensais qu’on pourrait avertir vos supérieurs... Vous avez sans doute un moyen de les contacter, non ?
    - Mes ‘supérieurs’ ? Ce que c’est formel comme terme ! Moi, je préfère dire : ‘mes maîtres’. Admettons que je puisse les joindre. Pour leur dire quoi, exactement ?
    - La vérité, tout simplement : que suite à un cambriolage… heu, à un malencontreux cambriolage… tout à fait, indépendant de nos histoires…
    - Intéressant. Moi, je ne crois pas que cela soit si ‘indépendant de nos histoires’.
    - C'est-à-dire, j’ai pensé à cette éventualité, mais ce n’est pas possible. La raison première et aussi la plus importante, c’est le secret. Ensuite aucun ‘ennemi’ n’aurait pu monter une opération en si peu de temps. Enfin, et c’est regrettable, on m’a volé aussi beaucoup d’autres choses ! »

    Marysa resta silencieuse un moment, jouant avec la petite médaille d’argent qu’elle avait au cou, ce qui énervait prodigieusement le conseiller : il aimait à ce qu’on lui prête l’attention à laquelle il avait droit. Toutefois, son petit laïus liminaire l’avait mis sur ses gardes, aussi se tint-il coi.

    « Dogon, Dogon, mon bon Dogon : nos points de vue divergent considérablement. Premier point, le secret. Vous ne le savez pas encore, mais le secret est un château de sable, voué à être englouti par la marée. Second point, le temps. Je dois dire que cela me trouble aussi. Monter une telle opération en moins de, combien ? vingt-quatre heures ? Je suis surprise. Toutefois, dans le cas d’un ennemi intérieur, issu de vos propres rangs, cela expliquerait la chose. Enfin, c’est vrai, on vous a volé aussi d’autres pièces. Mais regardez autour de vous, observez ces vitrines. Si vous n’aviez le temps d’en ouvrir qu’une, laquelle ce serait ? Moi, je gage que ce serait celle-ci, celle où trône ce diamant gris. Question : la valeur marchande totale des pièces volées dépasse-t-elle le prix de ce diamant gris ?
    - C’est hors de propos, la valeur de ces pièces n’est pas chiffrable. Mais il évitait soigneusement son regard en disant cela.
    - Je vous déconseille la langue de bois avec moi. Mais reprenons notre assommante conversation : nous parlions donc d’un cambriolage tout à fait dépendant de nos histoires. Donc, résumons-nous : je contacte mes maîtres pour les avertir que l’ennemi vous a dérobé ce qu’ils avaient demandé, à vous, de protéger, et que vous souhaitez maintenant abandonner ce projet. Correct ?
    - Mettons que oui, avança-t-il prudent. Que feraient-ils ?
    - Ils enverraient un traqueur pour résoudre leur problème et éliminer les témoins gênants. Ils en ont un très bon. On raconte qu’il a du sang drow, et que c’est un tueur implacable. Mais vous n’avez rien à craindre : il parait même que vous êtes capable de renaître de vos cendres.
    - Et… Quelles autres options s’offrent à nous ?
    - Retrouver la pierre nous-même. Je ne suis qu’un agent de liaison, mais j’ai des connaissances opérationnelles. Cela, plus votre intelligence, ça nous laisse des chances respectables. »

    Et si, au départ, il avait cru à de l’ironie de sa part, il dut bien se rendre compte que son regard semblait tout à fait sincère. Ses yeux, d’un marron profond, étaient rivés sur lui, et une étrange flamme y brûlait. Il fallait bien reconnaître qu’elle n’était pas bête non plus. Ensemble, ils étaient assurément capables de grandes choses. Il prit sa décision : « Ne contactez pas vos supérieurs : nous allons régler cette affaire nous-même ! »

    Elle s’inclina tout doucement, avec beaucoup de grâce. Il sentit que l’instant d’après son esprit s’était déjà remis à vagabonder. C’était sans doute sa manière à elle de réfléchir. Quant à lui, il ne savait trop quoi faire : sa première idée était de trouver un endroit dans cette pièce où se poser pour pouvoir appuyer sa stature. Normalement, il aurait dut être dans son siège, ce qui aurait tout changé à l’entretien. Il alla se poster devant la coupable fenêtre, et en s’appuyant négligemment contre le linteau, réussi tant bien que mal à se donner une certaine contenance. Il glissa un regard dans sa direction, elle était toujours perdue dans ses pensées. Il se demandait s’il allait oser tousser.

    « J’y viens, Dogon, j’y viens : disposer d’une telle arbalète n’est pas donné à tout le monde. Une arme d’une telle puissance ne peut se trouver qu’auprès de spécialistes. Dans votre camp, à ce niveau de secret, qui en serait capable ?
    - Votre idée de l’ennemi intérieur… Je suis bien obligé d’y souscrire, étant donné la situation. Bon… La meilleure dans ce domaine, c’est à coup sûr, la Renarde. Mais oubliez cette idée, ce ne peut être elle. En aucune façon.
    - Énoncez vos raisons, laissa-t-elle tomber, avec une froideur qui le fit frémir.
    - Tout d’abord, elle est d’une loyauté à toute épreuve envers Lunargent. Mais même : elle est présentement enceinte, et incapable de quitter sa propre demeure. Vous voyez. »

    Elle se leva, et vint jusqu’à lui. À cet instant, il y avait quelque chose de timide et fragile en elle. Il se demanda s’il pourrait récupérer son siège à cette occasion, mais estima qu’il était plus prudent de ne pas y songer.

    « Dogon, un jour, quand nous serons plus intimes, il faudra que je vous parle de loyauté et d’épreuves. Vous verrez lors que vous n’y connaissez pas grand-chose. Cet argument n’est pas recevable. Mais je m’incline devant l’autre. Aucune femme enceinte ne saurait se faufiler par cette ouverture, je le conçois. Moi-même, j’y passerais tout juste.
    - C’est ce que je disais. Ce ne peut être elle. Et sa famille est très influente dans ce cercle…
    -Je vous ai dit que j’acceptais l’argument technique. Mais j’imagine qu’elle a formé d’autres agents, n’est-ce pas ? Qui doivent exceller dans son domaine ? Y compris des femmes assez minces pour se glisser par ici. Correct ?
    - C’est possible, oui, j’ai lu un rapport qui évoquait qu’elle avait formée un agent très doué, une femme. Janus, je crois. Mais je n’en sais guère plus.
    - Ce doit être quelqu’un de très malin pour déjouer le dernier système de sécurité, dont vous ne m’avez pas encore parlé. »
    à suivre…
    Revenir en haut Aller en bas
    Jilezor
    Conteur
    Conteur



    Nombre de messages : 111
    Date d'inscription : 13/09/2006

    Feuille de personnage
    nom: Jilezor
    race: Humain
    classe: Mage

    Rêve de Gloire Empty
    MessageSujet: Re: Rêve de Gloire   Rêve de Gloire Icon_minitime26/08/09, 07:42 pm

    Une nouvelle fois, il perdit toute contenance. Décidemment, l’apparence de cette jeune femme était trompeuse. Et sans doute qu’il y avait du danger à vouloir explorer plus loin, mais il se dit que l’intérieur était sans doute encore plus attirant que l’extérieur.

    « Mon bon Dogon, vous comprenez que je ne peux pas donner pleinement ma mesure si vous me cachez des éléments. Vous savez, cette mission m’a été imposée par mes maîtres.
    - ‘Voici que je vous envois tel des loups parmi les brebis’ ? cita-t-il, curieux.
    - Oui, très juste, Dogon, c’est bien résumé. Vous aussi vous avez vos bons moments à ce que je vois. En tout cas, de grâce, évitez de me cacher quoi que ce soit : vous nous faites perdre un temps précieux.
    - Je vous prie de m’en excuser. Je tâcherais de ne pas refaire cette erreur. Il y a bien un système de sécurité. Quand on tente d’ouvrir cette vitrine, et celle-ci seulement, un piège de feu se déclenche. Quelque chose de très puissant et qui a de quoi réveiller toute la maisonnée.
    - J’attends la suite, Dogon.
    - La seule façon de s’en prémunir est de porter une certaine chevalière… laquelle n’est plus en ma possession… Une femme, je crois, me l’a dérobée : la marquise de Grisenbre. C’était pendant la réception. Et quand je suis revenu ici…
    - Si je dis : plutôt jolie, encore que sans exagération, petite et menue, le verbe haut, de grands yeux vifs, et probablement gauchère. Correct ?
    - Oui, c’est ça ! Exactement. Mais… Mais... Et pourquoi gauchère ?
    - Dogon, Dogon, méfiez-vous des apparences. Gauchère à cause de la position du barreau descellé. Pensez-vous qu’il s’agissait de Janus ?
    - Je ne peux pas l’exclure, oui…
    - Et moi, j’en suis presque certaine. Et ce, du fait même de vos brillants arguments, Dogon.
    - Oui, je vois. Mais il n’était plus trop sûr de bien y voir. Vous avez raison. Que faire maintenant ? »

    Elle était si proche en cet instant… Il pouvait détailler chaque trait de son visage. Il y décelait une certaine fatigue. Il aurait aimé poser ses mains sur ses épaules, et lui dire qu’il était là pour elle, mais il avait peur qu’elle trouve ce geste déplacé. D’ailleurs, à bien y réfléchir, lui-même y voyait un geste déplacé. Il se retint tout juste de laisser son regard s’égarer vers sa poitrine, il le força à s’en tenir à ce médaillon auquel elle tenait visiblement. Amateur de bijoux, il fut un peu déçu : il s’agissait d’un simple médaillon d’argent, avec gravé en son centre une fleur quelconque. Une nouvelle fois elle s’abîmait dans des pensées bien profondes.

    « C’est une chance qu’elle attende des Renardeaux. Janus doit aller jusqu’à elle pour lui remettre l’objet. Nous devons intervenir avant l’échange. Vous écoutez bien ? Envoyez tout de suite un, ou non, plutôt deux hommes pour surveiller la demeure de la Renarde. Vous allez demander à un homme de confiance de rester ici, il sera le Coordinateur. À tout moment, il devra savoir où nous, le groupe opérationnel, nous nous trouvons. Prévoyez deux coursiers qui porteront les messages de lui à nous et réciproquement. Il sera chargé de trouver une dizaine de spadassins au plus vite, et il nous les enverra dès que possible. Il devra aussi compulser vos rapports pour voir ce qu’on a sur cette Janus, et nous faire parvenir les informations dès qu’il les obtient. En ce qui concerne ma mère, envoyez quelqu’un lui faire la conversation, une femme de préférence, descendez-lui aussi un thé à la valériane. Quand il se fera tard, dites-lui que je suis rentrée sans l’attendre. Oh, au fait, l’idée générale est d’investir la demeure de cette Renarde quand Janus l’aura rejointe pour l’échange. Des questions ?
    - Non. Enfin si, que fait-on maintenant ?
    - Moi, je vais me changer, et on se retrouve devant la demeure de la Renarde dès que possible. Vos hommes auront peut-être déjà trouvé quelque chose. Oh, et prenez un épée pour vous, une dague pour moi et aussi une arbalète à poulie. Raccompagnez-moi à la porte, et surtout ne m’en veuillez pas si je travaille ma couverture. »

    Il ignorait ce que ça pouvait vouloir dire, mais il sentait bien que ce n’était pas le moment de poser des questions superflues. Il la raccompagna galamment jusqu’à la porte, qu’il lui ouvrit. Elle fit deux pas dans le couloir, se retourna brusquement, lui sauta au cou et l’embrassa fougueusement, sous le regard médusé de ses gardes. Elle s’envola alors – c’est l’impression qu’il eut – le laissant totalement désemparé. Ses gardes cherchaient désespérément à regarder ailleurs, ce qui était d’autant plus voyant que le couloir était vide.

    Avec toute la dignité qu’il lui restait, il alla récupérer son siège, et donna les ordres nécessaires. Mais que diable avait-elle en tête ? Si l’accord qu’il avait conclu avec sa femme lui laissait pas mal de latitude dans ses, euh, amitiés féminines, il y avait tout de même certaines limites à ne pas franchir. Repensant à leur discussion, il loua la vivacité d’esprit de la jeune femme, il se dit qu’il devait lui faire confiance. En fait, il avait tout simplement envie de lui faire confiance, il n’y avait pas besoin d’aller chercher plus loin. Elle semblait, on ne sait comment, dominer la situation. Comment un corps si frêle pouvait-il héberger une âme si forte ? Pour le conseiller Dogon, c’était un mystère.

    Il fit préparer les armes, et tenta de se conformer au mieux aux ordres de Marysa. Il se rendait compte qu’il venait de passer un cap, même s’il ne savait pas précisément à quel moment cela s’était passé. Alors que toute sa vie durant, il était resté du côté des penseurs, des planificateurs, en un mot, des verbeux, il allait ce soir passer à l’action. Juste sous l’impulsion de ce petit bout de femme qu’il connaissait à peine. Et malgré tout, il n’avait pas peur. C’est sans doute ce qui l’étonnait le plus. Comme s’il y avait toujours eu en lui un aventurier endormi, et qu’aujourd’hui, vaille que vaille, il se réveillait.

    Quand il prit la tête de sa petite expédition – un homme d’épée, un coursier, et deux chevaux de rechange – il se sentait rasséréné, et pour tout dire, maître de son destin. Il espérait que Marysa saurait le rejoindre, elle qui ne connaissait pas la ville, mais il ne pensait pas réellement que ça lui poserait un problème. Le plus angoissant, à la vérité, c’était cette pensée qui lui taraudait l’esprit : devait-il ou non revenir sur le baiser qu’ils avaient échangés ? Non, bien sûr. Il valait mieux qu’il joue les indifférents. D’ailleurs, en toute bonne foi, il l’était à peu près. Un simple baiser, après tout, pas de quoi en faire une affaire.
    à suivre…
    Revenir en haut Aller en bas
    Jilezor
    Conteur
    Conteur



    Nombre de messages : 111
    Date d'inscription : 13/09/2006

    Feuille de personnage
    nom: Jilezor
    race: Humain
    classe: Mage

    Rêve de Gloire Empty
    MessageSujet: Re: Rêve de Gloire   Rêve de Gloire Icon_minitime02/09/09, 09:56 am

    « Monseigneur, nous y sommes. Ce sont vos hommes que voilà.
    - Je vois. Mais… ? Non, je ne reconnais pas celui de droite… C’est Marysa ?»

    Elle lui jeta un bref coup d’œil et reprit aussitôt sa discussion avec l’autre homme. Elle avait les cheveux retenus en arrière, ce qui lui découvrait un front haut, et ce qui agrandissait encore ses yeux. Elle était habillée à la garçonne, dans des vêtements amples, qui à la lumière du jour auraient sûrement paru bleu-roi. Peut-être ne paraissait-elle pas plus grande – encore que – mais sans aucun doute elle paraissait terriblement plus déterminée.

    « Conseiller, vous arrivez à point nommé. Votre homme vient de me faire un rapport des plus intéressants.
    - C’est bien, et je suis content que vous nous ayez trouvés. J’aimerais qu’on reparle un instant ce qui s’est passé dans mon bureau.
    - Il y a un temps pour tout, Conseiller, et celui-ci n’est pas venu. Mais plus tard, je vous en fais la promesse. Maintenant, j’ai besoin de vos lumières.
    - Oui, bien sûr. Demandez-moi ce que vous voulez.
    - Pour l’instant, personne n’est entré dans la demeure, mais quelqu’un en est sorti. Un homme d’age mûr, les cheveux longs, blancs ou gris. Pressé. Cela vous dit quelque chose ?
    - Je dirais que ça ressemble à son époux.
    - Voilà qui complique les choses, alors. L’échange ne se fera pas dans le manoir, mais dans un lieu public… Votre Renarde doit être sur ses gardes, Conseiller.
    - Ce qui veut dire qu’elle n’a pas l’esprit tranquille. Mais que fait-on, dans ce cas ?
    - Un instant, je réfléchis… Bon, c’est risqué, mais je crois que le mieux, c’est d’intercepter cet époux sur le chemin du retour, et récupérer ce qui est à nous. D’accord ? Vous avez une arbalète, c’est parfait. Vous et moi, nous allons nous poster en hauteur, un endroit avec une bonne ligne de vue. Le reste de vos hommes se placera en aval, au cas où je raterais mon tir.
    - J’ai aussi une dague.
    - Et pour quoi faire, Conseiller ?
    - C'est-à-dire… Je ne sais pas, c’est vous qui me l’avez demandée…
    - Ah oui, c’est vrai. Dites à vos hommes de se placer, et expliquez leur qu’on veut notre proie vivante… de préférence. »

    Le temps qu’il donne ses ordres, Marysa avait presque disparue. Il eut bien du mal à la rejoindre. Elle se déplaçait plutôt vite et néanmoins sans bruit. Adopter une telle démarche n’était pas simple pour lui, et il se promit que s’il survivait à cette nuit, il ferait dorénavant plus attention à son poids. Alors qu’il l’observait de dos, il se demanda comment il avait pu la trouver fragile ou fatiguée. Ou alors, peut-être cela avait-il avoir avec cette tenue, qui cachait ses formes bien plus que la précédente…

    Quand elle s’arrêta enfin, il avait un poing de côté, et il aurait été bien en peine de pouvoir parler. Heureusement pour lui, elle scrutait les murs et les toits de la rue, ne lui prêtant pas la moindre attention. Il y avait quelque chose de terriblement méthodique dans sa démarche. Elle avançait de porte en porte, son regard allant alternativement de haut en bas.

    « Ici, Conseiller, c’est parfait. Faites moi la courte échelle, je suis trop petite. Ensuite, rejoignez-moi. »

    Son cœur loupa un battement : il allait la tenir contre lui, ne serait-ce qu’un instant. Il tenta vainement de ne plus y penser. Elle s’appuya contre lui, et monta d’un bond sur une petite corniche, d’où elle put atteindre le toit. Quand il réussit à la rejoindre, son cœur était encore une fois sur le point d’exploser, mais sous le coup de l’effort cette fois.

    « Passez-moi l’arbalète. Vous serez mon guetteur, vous allez surveiller la rue et me prévenir de son arrivée. Il viendra de par la gauche, au cas où je vous aurais perdu. Restez dans l’ombre, laissez vos yeux s’accoutumer à l’obscurité, éviter de fixer trop longtemps des sources lumineuses.
    - D’accord, souffla-t-il, hors de lui. Il laissa quelques instants passer pendant qu’elle s’installait à plat ventre. C’est assez étonnant de vous voir avec une arme, avec une arbalète, tout spécialement.
    - Nous ne sommes pas là pour faire la conversation, restez concentré sur la rue… Toutefois réfléchissez, c’est une arme puissante, mais qui ne demande pas une force trop importante. Par contre, elle nécessite une grande précision. C’est une arme parfaite pour moi. »

    Une fois encore, elle avait raison. Mais ça le gênait quand même de la voir manipuler cet engin de mort. Cette fois, elle mâchouillait ouvertement sa médaille. Cette apparente nonchalance impressionnait Dogon. La jeune femme fragile cachait une tueuse sans états d’âme. Cela aurait dû le refroidir, mais non, il la trouva d’autant plus touchante. C’est qu’elle doit se sentir seule…

    « Dites, j’ai cru voir bouger sur les toits en face… murmura-t-il.
    - Conseiller, soupira-t-elle, il est à cheval, il ne viendra pas des toits. Mais comme cela ne semblait pas le rassurer, elle ajouta : non, il n’y a personne en face… Je n’ai pas choisi cet emplacement par hasard. Maintenant, par pitié, surveillez la rue ! »

    Ses ordres étaient stricts, ses paroles peut-être même un peu durs. Mais le ton restait doux, et il aurait aimé l’en remercier. Il se rendait bien compte qu’il faisait bévue sur bévue. En fait, l’aventurier qui était en lui se réveillait tout juste. Il était normal, après tout qu’il ait beaucoup de choses à apprendre. Mais elle faisait un parfait professeur.

    Par deux fois, il y eu des fausses alertes : des passants – des malandrins, sûrement – qui ne surent jamais qu’un carreau d’arbalète avait été pointé sur leurs têtes. Mais enfin, un cataclop énergique se fit entendre. Dogon pria pour qu’ils ne se trompent pas de cible, il aurait été mortifié si un innocent avait dû perdre la vie à cause de lui. Marysa était toujours d’un calme imperturbable. « C’est lui ! » souffla-t-il, s’attendant au claquement mat de la corde de l’arbalète… qui ne vint pas. L’arbalète suivait très précisément le cavalier et sa monture, mais le carreau ne partait pas. Peut-être n’avait-elle pas entendu…

    Il s’accroupit, lui toucha l’épaule… et tout sembla se passer très vite. Un hennissement effrayé, le claquement de la corde, un bruit de chute. Le temps que le regard du conseiller revienne à la rue, une forme floue en partait. Il prit les devants.

    « Je suis désolé, Marysa, c’est ma faute…
    - Très juste, Conseiller. Mais nous ne cherchons pas à compter les points, si ? Et puis, je l’ai touché quand même, il n’ira pas bien loin… Allons assister la deuxième équipe. »
    à suivre…
    Revenir en haut Aller en bas
    Jilezor
    Conteur
    Conteur



    Nombre de messages : 111
    Date d'inscription : 13/09/2006

    Feuille de personnage
    nom: Jilezor
    race: Humain
    classe: Mage

    Rêve de Gloire Empty
    MessageSujet: Re: Rêve de Gloire   Rêve de Gloire Icon_minitime09/09/09, 11:24 am

    Dogon fut touché de sa sollicitude. Il était bien conscient d’avoir fait capoté l’opération, et néanmoins, elle ne lui en voulait pas plus que ça. Pas à dire, elle était vraiment étonnante. Le temps qu’il descende, elle était déjà parti.

    Mais depuis qu’il la connaissait, elle venait de se tromper pour première fois : la cible réussi à aller assez loin pour leur échapper. Elle n’en continuait pas moins les recherches : à mesure que des hommes arrivaient, elle étendait la zone, faisant vérifier consciencieusement chaque ruelle. Il fallait se rendre à l’évidence, c’était peine perdue. Dogon, lui, aurait abandonné depuis longtemps. Mais à chaque fois, la voir lui redonnait de l’énergie, alors il s’accrochait tant bien que mal.

    Une dizaine d’homme les avait rejoints, sans que cela n’améliore la situation, mais le tout dernier était porteur d’un message. Dans les rapports du conseiller, on avait trouvé une adresse possible pour cette Janus.

    « Je ne sais pas trop, en fait… C’est léger, admit Marysa en frottant son médaillon entre ses doigts, mais c’est tout ce qu’on a. Bon, cette fois, on laisse la subtilité de côté, et on fonce chez cette Janus. »

    Le conseiller n’avait pas vraiment trouvé très subtil de courir pendant une partie de la nuit dans les rues de Lunargent, mais comme c’était en grande partie sa faute, il préféra s’abstenir de tout commentaire. Ses hommes, eux, semblaient enchanté par l’idée d’abandonner toute forme de subtilité. En fait, ce qui le troublait le plus, c’était le doute qu’il avait senti poindre dans sa voix. Ses hommes ne la connaissaient pas assez pour s’en rendre compte. Il se demanda si elle dominait encore la situation. D’ailleurs, elle semblait perdue dans ses pensées.

    Dogon n’hésita pas : il prit les rênes. Il organisa le convoi : les cavaliers en éclaireur et les autres en arrière-garde. Il s’assura que tout le monde connaissait leur point de chute. Marysa, elle, se laissai guider par le mouvement, ce qui avait quelque chose d’un rien effrayant… Jusqu’à maintenant, Dogon se reposait beaucoup sur elle, il devait bien en convenir. Le soleil ne se lèverait pas avant une heure, il décida d’emprunter les artères les plus importantes, l’obscurité était suffisante pour leur accorder une certaine discrétion, il valait mieux privilégier la rapidité. Il estimait que le groupe de tête avait parcouru la moitié de la distance, quand Marysa leur intima l’ordre de stopper.

    « Non, vite, à couvert, lança-t-elle, les surprenant tous.
    - Mais enfin, Marysa, pourquoi ? Nous n’avons pas de temps à perdre.
    - C’est juste, Conseiller. Mais pas pour les raisons que vous croyez. Janus et le mari font chemin en ce moment même, en fiacre, pour rejoindre le domaine de la Renarde. Ne me regardez pas avec ces yeux là, c’est ce que j’appelle un bluff raisonné, vous ne pouvez pas comprendre.
    - Mais si ! Vous m’avez déjà expliqué cette technique.
    - Ah oui ? Alors vous devriez comprendre ! Donc ne perdez pas de temps. Faites mettre les hommes à couvert. Que ceux qui ont des arcs se préparent à faire feu à mon signal.
    - Quel signal ?
    - Ils le reconnaîtront sans problème. Quant à nous, Conseiller, nous allons prendre un peu de hauteur, et si vous le voulez bien vous serez encore une fois mon guetteur. »

    Comment pouvait-il refuser ? Quoiqu’il en soit, il n’en eut pas le temps. Elle cherchait déjà le meilleur poste de tir. Il donna les ordres en conséquence. Il y aurait plusieurs archers pour appuyer le tir de Marysa. Il se demanda s’il ne s’agissait pas cette fois d’une exécution pur et simple. Mais il comprenait aussi qu’il n’avait pas toutes les cartes en main. Suis-je en train de devenir un meurtrier ? se tourmenta-t-il, en grimpa jusqu’au nid d’aigle que s’était choisi Marysa.

    Son médaillon était en équilibre sur le bord de ses lèvres – de la gravure, on apercevait la moitié d’une petite étoile – l’arbalète était posée tout à côté d’elle, et elle tenait un parchemin partiellement déroulé auquel elle accordait toute son attention. Il s’installa près d’elle, et commença à scruter la rue, en tentant de se remémorer les conseils qu’elle lui avait donnés. C’est à peine s’il l’entendit murmurer : Bon itinéraire… Passeront ici… Merci. Il ne dit rien, mais ces mots le touchèrent profondément. Il resta tout ouïe, dans l’attente d’autres mots doux. A deux reprise, il crut l’entendre dire : Danger, Marysa ! Danger ! mais si faiblement qu’il n’était sûr de rien.

    Une charrette pleine de paille, un petit groupe de vendeurs d’eau, un rémouleur et deux ivrognes passèrent sans remarquer leur présence. L’arrière garde, les hommes à pieds, les avaient rejoints. L’arrivée du fiacre le prit au dépourvu. Il se rendit compte qu’il ignorait tout des armoiries de cette Janus. Un roselet sur champ azur ? s’interrogea-t-il en scrutant les flancs du véhicule. Marysa en savait plus que lui, ou au bien avait-elle moins de scrupules ; elle lit d’une voix posée le parchemin. Une myriade d’éclair pris naissance en son sein, et vint mourir dans un bruit dans infernal à l’avant du fiacre. Pendant de longs instants, les éclairs restèrent imprimés sur la rétine du conseiller, c’est à peine s’il vit le fiacre basculer et finir sa route quelques mètres plus loin. Mais déjà Marysa était prête à décocher un trait à qui aurait la mauvaise idée de sortir des décombres fumants de l’attelage.

    Ce qui ne manqua pas : une jeune femme sauta littéralement de ce qui restait du fiacre. A Dogon, elle fit l’effet d’une biche, gracieuse, bondissante... et apeurée. Il entendait Marysa qui rechargeait froidement son arbalète. La meute des archers, en bas, concentrait le tir sur la silhouette gracile. En la regardant virevolter, Dogon se dit que sans le trait de Marysa, la pauvre aurait peut-être pu éviter la volée de flèches qui lui était destinée. Mais Marysa ne laissait rien au hasard, pas ce genre de choses en tout cas.

    Quand les ombres accueillirent la jeune femme, les regards retournèrent au centre de la rue, au fiacre. Un homme venait de s’en extirper, et il courrait lui aussi à en perdre haleine. Mais cette fois les archers avaient quelques secondes de retard sur sa course, et il put atteindre le couvert de la ruelle sans autres risques. Savait-il que la jeune femme lui avait sauvé la vie ? Dogon était conscient d’avoir assisté – d’avoir participé – à une boucherie, mais il voulait continuer à poursuivre les fugitifs. Il avait certes le goût du la fumée et du sang dans la bouche, mais à ce stade, il en voulait encore plus ! En bas, les hommes avançaient vers la venelle, se couvrant mutuellement.
    à suivre…
    Revenir en haut Aller en bas
    Jilezor
    Conteur
    Conteur



    Nombre de messages : 111
    Date d'inscription : 13/09/2006

    Feuille de personnage
    nom: Jilezor
    race: Humain
    classe: Mage

    Rêve de Gloire Empty
    MessageSujet: Re: Rêve de Gloire   Rêve de Gloire Icon_minitime14/09/09, 03:58 pm

    « Allons-y, lança-t-il, s’apprêtant à bondir.
    - Ne bougez pas, lui intima Marysa, le retenant par le bras.
    - Mais pourquoi ? Ils sont à notre merci...
    - Si vous dites vrai, vos hommes y suffiront. Mais... il se peut qu’il y ait un autre agent avec eux, quelqu’un d’exceptionnel.
    - En couverture ? demanda-t-il, circonspect. Et comment savez-vous cela ?
    - J’ai mes petits secrets. Simplement, faites moi confiance.
    - Je vous fais confiance. Mais, quand bien même... à nous tous, il n’y a rien à craindre.
    - Conseiller, il vous reste beaucoup de choses à apprendre. A commencer par ceci : on trouve toujours plus fort que soi. Et puis, vous êtes trop précieux pour que je vous laisse prendre le moindre risque. »

    Il loupa un – peut-être même deux – battements de cœur. D’un coup, la fumée et le sang venaient d’être effacés par quelques mots légers. Elle le regardait, un peu de côté, comme si elle n’osait pas affronter tout ce qu’impliquait ses paroles. D’une voix blanche, elle lui dit :

    « Il y a un temps pour tout, Conseiller, et celui-ci n’est pas encore venu. Bientôt, je vous le promets.
    - Oui, très bientôt, je l’espère. Quand la mission sera finie, quand nous aurons récupéré ce qui nous appartient ! »

    Et pour montrer qu’il tenait autant à la mission qu’elle, il se remit à scruter la rue. L’autre agent, l’agent exceptionnel, elle était là, face à ses hommes. Sur le coup, il la prit pour une femme. Mais à la réflexion, elle n’était pas vraiment humaine. Pour tout dire, il n’avait aucune idée de ce qu’elle pouvait bien être.

    Avec une virtuosité animale, elle envoya balader en quelques secondes un de ses hommes, ce qui étonna Dogon. Quand l’ensemble du groupe lui tomba dessus, elle se transforma en ours, ce qui terrifia Dogon. Un agent exceptionnel, à n’en pas douter... Et ses hommes continuaient à tomber.

    « Par tous les Dieux, va-t-on les laisser tous mourir ? gémit-il.
    - Ce qui est certain, c’est qu’on ne peut pas intervenir, Conseiller, sauf si vous tenez à mourir sous ses coups. En fait, on peut juste observer et essayer d’en tirer quelque chose. Je fais peut-être erreur, mais quelqu’un comme elle ne doit pas passer inaperçu. Regardez-la bien. Il n’y a pas de trace d’elle dans vos rapports ?
    - Etes-vous folle ? Je m’en souviendrais... Attendez. Ses longues oreilles pointues... Il y avait une référence à ça : une intime de... la Renarde... inconnue de nos services. Elle se trouvait à son mariage... Ca serait elle ?
    - En doutez-vous, Conseiller ? Votre ‘Conclave’, pensez-vous qu’on pourrait le faire avancer ?
    - Oui, mais pourquoi ? Nous n’avons pas récupéré la liste...
    - Regardez encore une fois en bas : nous avons échoué ! La seule chose utile qui nous reste à faire, c’est d’informer les vôtres de cet échec, et de ses conséquences.
    - Oui, oui, oui ! Vous avez raison... avoua-t-il, mais que c’est loin de l’heure de gloire que j’avais imaginée ! »

    _-*-_

    La salle du Conclave n’était assurément pas la plus belle de l’édifice. Ses murs étaient lourds et épais. On aurait pu y soutenir un siège, et, plus important encore, les sons étaient étouffés bien avant d’en sortir. Jarel recompta les présents, puis soupirant, attaqua les hostilités.

    « Moi, Jarel Roncemer, par le pouvoir qui m’est conféré, déclare ce Conclave ouvert, annonça-t-il de sa voix posée. Aussitôt une réaction fusa :
    - Il y a des absents, glapit Elem Courtedague, le halfelin.
    - Mais le quorum est atteint, Elem, intervint une elfe. Ce qui donne droit au Seigneur Roncemer d’ouvrir le Conclave, s’il estime qu’il y a urgence, et elle tourna un regard interrogateur vers Jarel.
    - Merci Kira de ce rappel à la Loi. Oui, je confirme qu’il y a urgence. Vous pouvez considérer qu’il s’agit d’une séance extraordinaire. Elle a été convoquée à la demande de Dame Aninara Paroisel. Tous les regards convergèrent vers une petite brune au cheveux courts, où commençaient à apparaître des fils d’argent. Aninara, je vous cède la parole.
    - Bien. Elle fit une pause pour regarder chacun des autres membres du Conclave. Nous avons peu de temps. Elle fit un geste ample de la main. Je vais donc vous résumer les faits, et je ferais entrer un témoin de la plus haute importance. Dogon de Dalvance. Indicatif : Phénix. Elle attendit les réactions.
    - Celui du rapport Ecrin ? se hasarda le Mage Almonandis.
    - Entre autre, oui, confirma Aninara, tout en semblant hésiter à continuer. Mais vous devriez le connaître pour une toute autre raison. Elle dessina un petit cercle, en l’air. C’est lui qui est chargé de la rédaction de tous les rapports de mission. C’est donc un de mes agents, bien sûr. Elle s’assura que tout le monde l’écoutait. Il a été recruté par mon prédécesseur à ce poste, dans des conditions un peu particulières… Elle anticipa aussitôt les premières réactions : conditions qui ne nous intéressent pas ici. Elle hésita encore une seconde. En tout cas, pas pour l’instant…
    - Dame Paroisel, nous connaissons tous votre goût pour la précision, et la formule juste, mais de grâce, venez-en au fait…
    - Elem, tant que je serais chef ici, je ne tolérerais aucune impolitesse ! Comme nous l’expliquait Aninara, Dogon travaille depuis longtemps parmi nous. Il a eu, de par ses fonctions, à manipuler des informations sensibles pour la sécurité pour Lunargent. Il est évident que ce n’est pas un agent de terrain, mais il est fiable. Ceci peut être considéré comme avéré.
    - Exactement, reprit Dame Paroisel. Elle écarta les bras comme pour les englober tous. Si vous vous souvenez, nous avions rejeté à l’unanimité les conclusions du rapport Ecrin, et tout spécialement sa Demande d’Opération. Elle leva l’index. Mais Dogon est resté très ferme. Il a demandé à se mettre en congé, et a demander les saufs-conduits nécessaires pour se déplacer dans tout le Nord. On peut spéculer qu’il…
    - Il n’y a rien à spéculer, la coupa Barn Borjenster, le seul Nain du Conclave. Il a lancé l’opération Ecrin à son propre compte, et qui plus est avec votre accord tacite ! »

    Aninara attendit un instant l’aide du Seigneur Roncemer. En vain. Elle se demanda quel sens donner à son silence.
    à suivre…
    Revenir en haut Aller en bas
    Jilezor
    Conteur
    Conteur



    Nombre de messages : 111
    Date d'inscription : 13/09/2006

    Feuille de personnage
    nom: Jilezor
    race: Humain
    classe: Mage

    Rêve de Gloire Empty
    MessageSujet: Re: Rêve de Gloire   Rêve de Gloire Icon_minitime23/09/09, 05:43 pm

    « - Je ne peux contrôler ce que mes agents font de leur temps libre, surtout et je tiens à le rappeler, qu’il ne s’agit pas d’agents opérationnels. Comme le Nain n’avait toujours pas l’air calmé, elle continua : et avant de chercher des responsables, je pense qu’il serait préférable d’écouter la suite. Elle fit taire Barn d’un geste. Dogon a trouvé les alliés qu’il cherchait. »

    La nouvelle fit l’effet d’un sort de stase. Aninara cru deviner l’ombre d’un sourire sur le visage de Jarel. La première à se ressaisir fut Kira.

    « - Ses analyses étaient donc justes ? De qui s’agit-il ?
    - Oui. Il avait raison et nous avions tort. Elle croisa les mains, comme en signe de pénitence. Pour le reste, vous pourrez l’entendre dans quelques instants. Toutefois… il est revenu avec un gage, un cadeau, pour sceller notre alliance.
    - Et quand comptiez-vous nous en informer ? Le ton d’Almonandis était calme et doux, comme à son habitude.
    - En fait, à la prochaine séance plénière. Aninara prit une respiration avant de se lancer. Il s’agit d’une liste d’agents doubles présumés. Des exclamations fusaient autour de la table. Elle a été dérobée… par la Renarde. »

    _-*-_

    Quand, un peu plus tard, Dogon sortit de la salle où le Conclave avait été réuni, il se sentait rassuré. Il avait fait ce qu’il y avait de mieux à faire. Si personne ne le considérait réellement comme un héros, il était néanmoins conscient qu’on ne voyait plus en lui un simple scribouillard. Et si le Conclave était au courant du danger qu’encourait Lunargent, c’était grâce à lui, et à lui seule. Et à Marysa, aussi bien sûr, mais admirable, elle lui avait laissé endosser tous les honneurs. Il s’empressa d’aller la rejoindre dans la salle des colonnes. Elle serait curieuse ce qui avait pu se dire durant le Conclave.

    Il n’était pas étonné qu’elle ait choisi cette salle, l’une des plus belles de tout l’édifice. Dogon se demanda combien de personnes avaient jamais profité de la beauté de cette rotonde ? Fort peu, assurément. Et seulement des personnes de la plus haute importance : les acteurs de la Lunargent de l’Ombre. Des décisions qui se prenaient ici, personnes n’en savaient rien. Et pourtant, la sécurité de la cité en dépendait bien souvent. Tant de secrets avaient dû être chuchotés entre ses murs. Des secrets dont pouvaient résulter la vie ou la mort de Lunargent.

    De cet écrin de mystère, Marysa était le bijou. Elle portait un pantalon bouffant et une saharienne assortie. Malgré l’élégance de la mise, le résultat n’était guère plus que banal. A vrai dire, on aurait pu la prendre pour la servante d’une riche excentrique. Mais, et cela Dogon le savait, c’était tout à fait prémédité. Marysa était pleinement maîtresse de son apparence, et elle se montrait toujours sous le jour qu’elle jugeait le plus propice. Ce qu’elle laisse voir n’est qu’une partie de ce qu’elle est, une toute petite partie. Elle semblait l’expression même de la patience.

    « Ma douce Marysa, je suis navré de vous avoir fait attendre. Et je me doute que vous souhaitez savoir ce qui s’est dit. Toutefois...
    - Toutefois ? et dans le ton de sa voix était caché un sourire.
    - Eh bien, comprenez que je ne voudrais pas me montrer cavalier, mais...
    - Mais ? et cette fois le sourire avait atteint ses lèvres.
    - Disons que vous m’aviez promis une conversation, euh, privée, une fois que tout ceci serait terminé. Donc...
    - Donc ? Ses yeux même pétillaient, mais elle cessa la torture. Donc vous estimez que ‘tout ceci’ est terminé. Croyez-en mon expérience, vous avez tort. Tout ceci ne fait que commencer. Mais soit, j’imagine, mon bon Dogon, que vous avez mérité une conversation ‘privée’. Je vous écoute.
    - En fait... commença-t-il, ayant espéré que ce serait elle qui mènerait cette conversation. En fait, vous m’avez embrassé, et ensuite vous avez parlé d’être plus intimes, et puis nous avons fait équipe, nous avons mutuellement veillé l’un sur l’autre, enfin vous avez dit que j’étais précieux pour vous... Alors...
    - Votre suffisance, je crois que c’est ce que je préfère chez vous, mon bon Dogon, loin au dessus de tout le reste. Alors, donc ? Où voulez-vous en venir exactement ?
    - Voilà, je sais que je vais être présomptueux, mais voilà, vous me plaisez vraiment beaucoup.
    - Ah, c’était donc ça, le coupa-t-elle. Oui, et je sais précisément pourquoi je vous plais ; mais vous, vous ignorez encore que c’est là une vraie malédiction.
    - Une malédiction ? Mais non, vous n’y êtes pas. C’est vrai que vous êtes vraiment très belle, mais ce n’est pas ça... Vous êtes une personne unique, et j’aimerais...
    - Unique ? Grands Dieux, non. Vous ne savez pas à quel point vous avez tort...
    - A mes yeux, en tout cas. Et c’est que tous les autres sont aveugles.
    - Vous êtes fou, Dogon. Et que dirait votre femme ? Non, voyons, en plus d’être impossible, ça serait ridicule.
    - Ridicule, je le suis certainement, mais en ce moment rien ne me parait impossible. Est-ce la différence d’age ?
    - Mon pauvre ami, soupira-t-elle, vous vous fiez trop aux apparences. Un jour, peut-être, vous comprendrez quelle fleur je vous fais en me refusant à vous. Oh, et puis vous êtes un collectionneur : vous savez qu’il est plus fort de convoiter plutôt que posséder. Mais laissons cela, c’est triste ! Parlez-moi plutôt du Conclave. »

    Dogon hésita un instant. Fallait-il insister ? Faire état de ses sentiments, peut-être ? Rendons lui justice : il n’insista pas très longtemps.

    « - La nouvelle de la trahison de la Renarde a été reçue avec scepticisme par le Conclave, et ce malgré les preuves apportées.
    - Il fallait s’y attendre.
    - Certains croient encore en sa loyauté, et la réputation de sa famille joue en sa faveur.
    - Une décision a été prise ?
    - Oui, une enquête a été diligentée. Nos preuves vont être vérifiées, une par une. Cela me parait tout à fait légitime...
    - Bien sûr que ça l’est, Dogon... Et en ce qui concerne la Renarde ?
    - Etant donné la gravité des accusations, la Renarde va être mise aux arrêts, au moins de façon préventive. Elle, ainsi que ses complices.
    - Voilà qui est intéressant. Comment vont-il procéder ?
    - Un détachement de fantassins a été envoyé. A l’heure qu’il est, ils doivent encercler le domaine. »

    Marysa lâcha un soupir d’aise. Elle pouvait enfin rentrer : sa mission était finalement un succès.
    FIN
    Revenir en haut Aller en bas
    Contenu sponsorisé





    Rêve de Gloire Empty
    MessageSujet: Re: Rêve de Gloire   Rêve de Gloire Icon_minitime

    Revenir en haut Aller en bas
     
    Rêve de Gloire
    Revenir en haut 
    Page 1 sur 1
     Sujets similaires
    -
    » Gloire d'en-Haut

    Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
    Le Forum des Loups :: Les Loups d'Azeroth :: Le coin des Anciens-
    Sauter vers:  
    Ne ratez plus aucun deal !
    Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
    IgnorerAutoriser