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 Gloire d'en-Haut

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Jilezor
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MessageSujet: Gloire d'en-Haut   Gloire d'en-Haut Icon_minitime25/02/10, 11:56 pm

Voici le dernier récit sur l'histoire de Jile&Sheen... Attendu qu'il dévoile tout, nul besoin de suite.

Connaissez-vous Sheen ? C’est une créature en tout point remarquable, voyez-vous. Je le sais bien, je l’ai beaucoup étudiée. Elle a, bien sûr, un physique irréprochable. Mais ce n’est pas lui faire honneur que de le dire en ces termes. C’est une des plus belles femmes d’Abeir-Toril, certes, mais c’est encore trop réducteur.

Je suis sans doute mal placé pour juger la beauté, mais en vérité, Sheen est un poème, une ode, un rêve dont on ne souhaiterait pas s’éveiller. Un songe long et langoureux, qui a de quoi enflammer la nuit du plus ascète des hommes. Ses yeux, ses pommettes, ses lèvres, la moindre partie de son visage est digne d’éloges. Et de plus grands orateurs que moi pourraient discourir plusieurs éternités pour en décrire la magnificence. Sa chevelure rousse promet l’enfer à tous les hommes (et sûrement aussi à quelques femmes) qui auraient le bonheur de l’apercevoir.

Oui, assurément, ce visage-là a quelque chose de félin, sans omettre la dualité qu’on attend de cet animal. En effet, outre sa blancheur d’asphodèle, il émane de ce visage-là une telle délicatesse, une douceur, une aussi indicible perfection qu’on n’a d’autre envie que de le caresser, l’embrasser pour enfin s’en repaître jusqu’à la fin des mondes. Mais, comme celui du félin, derrière ce visage de l’innocence elle-même se cache la détermination et la vivacité du plus habile des prédateurs.

Même si je vous dis tout cela, vous n’avez encore qu’une très vague idée de Sheen. Il faut la voir, et plus encore, la voir en mouvement pour comprendre ce que je dis. La finesse de ces traits est mise en valeur par la perfection de ces gestes. Quand elle bouge, vous jureriez voir une panthère qui se déplace, toute aussi belle et toute aussi dangereuse. Je vous avouerais même avoir vu des fleurs se pencher sur son passage, enivrées par le parfum captivant de la jeune femme.

Mais cela encore n’est rien. Non, attendez de l’entendre parler. Vous avez l’oreille musicale ? Alors dites-vous que le son de sa voix vaut un millier de symphonies. Écoutez-la encore un instant, et vous comprendrez que le chant des sirènes n’est rien de plus qu’un gargarisme plébéien. Sa tessiture est si riche et si profonde que vous aurez l’impression qu’il s’agit d’un baume qui saura guérir vos blessures, et celles de toute l’humanité.

Chacun de ces éléments, son visage, ses gestes et sa voix, pris séparément, est suffisant pour attiser le cœur de n’importe quel homme, du plus sot au plus intelligent, du plus passionné au plus indifférent. Alors comprenez bien qu’il serait hors de ma portée de vous la décrire dans son intégralité. Disons donc, pour simplifier, qu’elle a la splendeur du premier matin des mondes.

Qui a l’esprit chagrin vous dira que la beauté est forcément éphémère, et qui plus est, imméritée par nature. C’est, en un sens, concevable : il n’y a sans doute pas de vertu plus injuste. Mais rassurez-vous en ce qui concerne Sheen, car la beauté est bien la moindre de ses qualités. Son esprit est plus brillant encore.

Je ne compte plus les fois où je l’ai écoutée parler d’une chose ou d’une autre, avec élégance le plus souvent, avec espièglerie parfois. En fait, je ne me souviens pas même d’un seul sujet sur lequel elle aurait hésité. L’acier de son esprit s’appuyait sans coups férir sur une culture phénoménale. Ah, quel plaisir de l’écouter ! Aujourd’hui encore, je ne m’en lasse pas. Quand une éducation sans faille s’associe à une intelligence aussi pointue, alors cela confine à la grandeur.

Je vous concède encore qu’en ce qui concerne sa beauté et son éducation, les palmes en reviennent principalement à ces parents. Des gens très bien, d’ailleurs. Oh, quand je dis « très bien », n’entendez pas pour autant « conventionnels ». Je les connais, sans plus. Je peux dire que lui est un voleur de haut-vol. Et quant à sa maman, son fond de commerce, c’est plutôt la magie. Elle mène aussi des recherches sur les portails inter-dimensionnels. Des méthodes tout à fait expérimentales. Bref, des gens pas vraiment communs. Toutefois, à mon sens, leur plus grande gloire est assurément leur enfant.

Enfin donc, pour être complet, il faut aller au-delà de la beauté et de l’intelligence. Après tout, ce qui compte, c’est bien plus ce que nous faisons, ce que nous sommes. Ce que nous sommes (ou croyons être) n’est jamais que la forme de notre vie, là où le fond est ce que nous en faisons. Et ici encore, Sheen est remarquable. Son caractère aventureux vient de son père, à n’en pas douter, alors que sa soif de connaissance descend tout droit de sa mère. Elle les entremêle dans un caractère espiègle, curieux et parfois bravache.

Si vous lui tenez tête (ce qui, vous vous en doutez, n’est point aisé) vous la verrez entrer dans une bouderie revêche où l’on retrouve l’enfant qu’elle était. La tentation est grande, certes, car ses sourcils froncés, ses lèvres serrés, son petit nez retroussé, tout cela forme un spectacle qui parle directement au cœur, et l’on se sent lors pris d’un ardent désir de lui faire retrouver le sourire qu’elle n’aurait pas dû quitter.

Je pense que son goût de l’aventure se trouve rehaussé en ce sens qu’il ne vient pas seulement de son père, mais qu’il est consécutif d’un choix de comportement qu’elle a fait étant jeune. C’est d’ailleurs à rapprocher du côté bravache dont je vous parlais il y a peu. Car, et c’est une certitude, ce petit ange aime à se donner des airs de démon. Jusqu’à se faire poser des anneaux d’argent lunaire dans ses sourcils et sur son nez. La jeune femme entretient là des airs de mauvais garçons. C’est qu’elle l’apprécie ce style canaille, vous pouvez me croire. J’ai une théorie là-dessus.

Sheen est un doux cœur. Elle peut avoir la larme facile, à la vue d’une biche blessée par exemple, comme si elle ressentait la douleur dans sa propre chair. Oui, elle a une lame d’acier de dix pouces accrochée à son côté ; certes, elle a appris de redoutables techniques de combat. Mais la vérité est là : la justice est son idéal, elle a profond respect pour la vie. Chaque mot, chaque geste, crie ce qui l’anime. C’est un doux cœur qui veut se faire passer pour un démon. Cela ne la rend-elle pas encore plus adorable ? J’ai la conviction que c’est pour cacher ce qu’elle prend pour une faiblesse. Elle est le reflet inversé de Dasom, en un sens.

Vous ne connaissez pas Dasom ? C’est une lacune. D’autant plus qu’il n’a pas la douce discrétion de Sheen. Soit, je vous parlerais de lui. Il le faut bien : il tient une place importante dans la vie de Sheen. Même si chacun des deux l’ignore. Fût une époque où j’appréciais l’ironie de cette situation, d’ailleurs. Pour l’instant, revenons plutôt à nos moutons, ou à notre agneau, devrais-je dire. Je me permets d’être familier, mais je la connais depuis tellement longtemps…

Cela ne m’empêche pas d’être objectif. Son prénom, par exemple. Sheenagh. Non pas que ce soit laid. Ni même dépourvu d’originalité. Mais justement, quand ses parents ont choisi ce prénom, ils ont été épouvantablement légers. En voulant faire dans l’original, ils ont du coup fait dans le commun. Non, vraiment, il fallait choisir un prénom qui préparait à la rencontre avec cet être si particulier. Oh, bien sûr, ils ne connaissaient pas encore leur fille, ils ignoraient tout de son destin. Mais tout de même ! Moi, j’aurais choisi Aube ou Aurore. Voilà qui serait plus approprié. Vous serez d’accord : quand poind l’aube, c’est un instant magique. Le moment d’une révélation, voire d’une épiphanie. Il y a quelque chose qui confine au divin. Voilà, c’est dit : Sheen, c’est précisément cela.

Je n’ai pas été consulté pour le choix de son prénom, et pourtant j’étais là à sa naissance. Je me suis émerveillé comme tout un chacun devant ce petit prodige. Ensuite, j’ai suivi son enfance. Elle était déjà curieuse, intelligente et même terriblement indépendante. En toute franchise, il n’y a pas là un si grand miracle. Suivez le moindre des enfants et vous trouverez quelque chose d’extraordinaire. Cela vient-il de ce regard neuf sur les mondes ? De cette ingénuité infinie ? Maintenant encore, je l’ignore.

Je passais régulièrement au manoir pour m'étonner des progrès de cette enfant surdouée. Je dois bien avouer que j’étais rarement déçu. Ses parents lui prodiguaient une éducation insolite mais très complète dont la petite était avide. Elle y aiguisait ce qui allait devenir cette intelligence vive qui me plait tant chez elle. Toutefois, un insidieux phénomène commençait à apparaître sans que ni moi ni aucun autre n’y prenne garde. Je suis sans doute à blâmer, j’étais le mieux placé pour m’en rendre compte. Semaine après semaine, la toute jeune Sheen perdait de son indépendance de pensée pour se rapprocher de plus en plus du modèle maternel. A mon grand regret, peu après ses dix ans, la transformation semblait accomplie. Dans ma tristesse, je me détournais alors totalement du destin de cette famille, à la recherche d’autres diamants bruts.

Si l’on garde ce semblant d’ordre chronologique, je crois qu’il est temps que je vous parle de Dasom. J’avais laissé Sheen à son destin depuis peu de temps quand je me penchais sur le berceau de Dasom. Berceau au sens propre, d’ailleurs, puisque son père le déposa sur le perron de l’orphelinat alors qu’il avait moins d’une journée de vie. En fait, je suis sans doute le seul à connaître le secret de ses origines. J’imagine que cela fait partie de mes privilèges. Dasom en ignore tout, bien sûr. Peut-être que je me débrouillerais pour qu’il l’apprenne un jour, si cela peut servir mes intérêts.

Passer de Sheen à Dasom ne fut pas simple. Ces deux-là sont aussi dissemblables que l’était leur environnement. De la solitude du manoir de Sheen, à l’affluence du dortoir de Dasom. De l’attention de la famille de la première, à la réclusion sentimentale du second. Mais très tôt, je découvrais que mon nouveau pupille avait un caractère des plus intéressants. Je ne vous ferais pas languir plus qu’il n’est nécessaire : Dasom est né avec une âme de chef, sans les qualités idoines. Cette contradiction donne toute sa mesure à Dasom.

Très tôt, il a tenté de prendre le pouvoir sur ses petits camarades. Il a bien vite compris qu’il lui en manquait les aptitudes. Heureusement, à l’époque déjà, il ne manquait pas de ressort. Ainsi il comprit que son atout principal était son physique. Il était d’une beauté insolente, qui au fil des années ne s’est jamais démentie. Sa voix, et plus généralement son charisme, par contre, laissait clairement à désirer. Il tira le meilleur parti de tout ceci : il s’entoura d’une aura de mystère, apparemment insondable, qui encore aujourd’hui tient toujours.

Ses cheveux blonds à la stricte coupe militaire, ses grands yeux couleur d’acier, ses traits à la finesse presque féminine, tout cela plait. De fait, la première impression est presque toujours positive. Et le génie de Dasom tient en cela : il capitalise à outrance sur cette première impression. Comment fait-il ? La réponse va sous sembler simpliste : il se tait, s’appuyant sur le mystère qui l’entoure. Et cela marche ! Les jeunes femmes le trouvent romantique, celles plus âgées le jugent mature. Ses rivaux le présument avisé, là où les autres hommes l’imaginent fiable. Plus globalement, tout le monde lui accorde une intelligence qu’il est loin d’avoir. En fait, chacun projette sur lui ce qu’il espère y trouver. Ah ! Dasom, fieffé coquin, ils ignorent ce que tu caches : une inextinguible soif de pouvoir adossée à un ego démesuré.

Combien de donzelles ont succombées à ses yeux bleus ? Plus que je ne saurais les compter. Il faut le voir, il s’y entend, l’animal. Chaque conquête est une pépite qu’il ajoute à son petit trésor de pouvoir. Plus que tout le reste, il faut le voir rompre. Il arrive à retourner la culpabilité sur ces pauvres hères, leur laissant entendre que ce sont elles qui le dévoient, leur assurant qu’elles valent bien plus que lui. Il se drape dans la cape de sa pureté de solitaire, et laisse cruellement ces femmes se morfondre pour lui, une fois qu’il leur a pris tout ce qu’elles avaient de précieux. Ah, comment ne pas adorer cette petite fripouille ?

Vous vous doutez que quand il a voulu devenir Paladin, j’étais aux anges ! Et il a décidé cela par lui-même, je ne l’ai influencé en aucune manière. Bien sûr, ce n’est ni par bonté ni par piété qu’il a fait ce choix. Encore que… Pas la bonté, certes, mais l’apparence de la bonté, sans doute, a dû jouer un rôle. Quelle meilleure situation que celle-ci pour passer pour quelqu’un de bien ? Comment ne pas faire confiance à un Paladin ? Vous voyez, quand je vous disais qu’il a un ego démesuré. Et puis quelle allure il a, maintenant, sur son puissant destrier ! J’ai vu des femmes – de tous ages – tomber littéralement en pâmoison devant lui. Quelle stature il a – ou semble avoir ! Mais je mets la charrue avant les bœufs, le destrier avant l’agneau. Laissez-moi reprendre le fil.

Est-ce que Dasom avait les qualités pour devenir Paladin ? En un sens, je suis persuadé que oui. C’est pourquoi je l’ai parfois aidé un peu. Il est aisé de peser sur la bonne personne, quand on sait de qui il s’agit. Et je suis quelqu’un de bien renseigné, évidemment. Ce petit privilège m’a servi quelques fois : après tout, c’était comme si je protégeais un investissement. Bien sûr, cela ne retire en rien au mérite de Dasom. Pour lui, la route fût longue…

C’est le hasard, le plus complet des hasards, qui remit Sheen sur ma route. Il m’arrive parfois d’être pris par ce que j’appelle le vertige du bas. C’est une drôle de sensation, terriblement désagréable, et qui me donne envie de prendre de la hauteur, de m’élever, de rejoindre les cieux. Cela m’arrive moins souvent maintenant, mais je n’en suis pas encore totalement libéré. La dernière fois que j’y succombais, c’était il y a quelques années. Ainsi, je me laissais aller à grimper. J’avais à peine dépassé le faîte des toitures quand j'aperçus une silhouette se promener nonchalamment sur le toit de vos maisons, comme s’il s’agissait d’un quelconque sentier forestier. Étrange randonnée pour un étonnant promeneur. Ma curiosité l’emporta sur mon vertige, et je m’approchais du flâneur. C’était Sheen. Plus belle que jamais – puisque devenue femme.

Ainsi donc je m’étais trompé sur son destin. Elle semblait vouée à s’enfermer dans la magie, à l’instar de sa mère. Et voilà que son père lui avait fait profiter de cours particuliers en matière de cambriolage. Heureux hasard que de la retrouver ainsi métamorphosée, des années après. Enfin, comme je l’avais espéré à sa naissance, elle avait pris le meilleur des deux mondes. Cela me fit chaud au cœur, si vous me permettez l’expression. Rarement je ne fus aussi enthousiaste de m’être trompé sur le destin de quelqu’un.

Dès cet instant, je partageais mon temps entre mes deux protégés si différents. Je crois n’avoir jamais été aussi heureux qu’à cette période-là. Trouver deux destins aussi parallèles et pourtant aussi opposés, je n’aurais pas cru cela possible. Chacun poursuivait sa formation, excellant de plus en plus, chacun dans sa branche. Je me débrouillais pour qu’ils ne se croisent jamais. Cela vous étonne ? A moi, il m’est vite apparu qu’il aurait été prématuré de les présenter l’un à l’autre. Du moins pour un temps.

Car nul besoin d’être devin, et vous l’aviez sans doute deviné : j’avais bien l’intention de les présenter l’un à l’autre à un moment donné de leur existence. Au bon moment, en fait. Dès que Sheen est réapparue, l’idée s’est imposée à moi : ces deux-là étaient bien trop importants pour que leur force vive s’éteigne avec eux. Comme le plus vulgaire des botanistes, je n’avais plus qu’un objectif : voir leur sang mêlé dans la fondation d’une lignée. De ces deux diamants bruts naîtraient une descendance qui aurait les qualités pour régner, et plus encore. Avec l’aide, bien sûr, de mes conseils avisés. L’avenir s’annonçait radieux, en tout cas pour moi.

Vous trouvez mon projet simpliste ? Cela ne m’étonne guère. Vous manquez singulièrement de recul. Moi, je ne nourris pas le moindre doute quant à sa réussite. Je ne chercherais pas à en nier les difficultés – et il y en a. Vous vous dites qu’il n’est pas si aisé de réunir ainsi deux êtres que rien ne rapproche ? Je le conçois. Mais tout est une affaire de temps. Il y a toujours des occasions qui surgissent, il suffit de les saisir. Croyez-moi.

La différence d’age ? Cela vous choque. Vous avez l’esprit étroit. En vérité, la nature est bien faite. Il y a toujours un moment où un jeune homme cherchera une femme expérimentée, et il trouvera une compagne qui souhaite s’assurer de la pérennité de ses charmes. Inutile de prendre ces airs dégoûtés, je n’y suis pour rien : c’est la nature humaine. A vrai dire, la difficulté que j’appréhendais le plus est celle liée à leur incompatibilité. Lui est un monstre, elle est un ange. Il fait semblant de faire respecter les lois, elle fait semblant de les bafouer. Il vient de la rue, elle vient d’un manoir.

Cela semble insurmontable, c’est vrai. Et pourtant… C’est un problème d’une passionnante beauté. Si vous prenez le temps d’y penser, vous verrez qu’il contient les propres germes de sa résolution, aussi étonnant que cela paraisse. Tenez, par exemple : ils sont tous deux au-dessus des lois et jouent avec. Cela les rapproche bien plus que cela ne les éloigne. Ou encore, leurs origines : l’ego de Dasom sera flatté par le fait qu’elle vienne de la haute société, là où, à l’opposé, la bonté naturelle de Sheen l’attirera vers cet orphelin. Quand je vous disais que c’était de toute beauté !

Pour tout dire, une telle symétrie, j’oserais dire une telle perfection m’a beaucoup fait… gamberger. C’est comme si leur rencontre avait été prévue depuis toujours, et devait nécessairement se réaliser, avec ou sans mon aide. Je ne suis pas idiot au point d’y croire tout à fait. Je suis conscient que c’est une façon bien puérile de me dédouaner d’un projet aussi manipulateur que cruel. D’autant plus que cela impliquerait l’existence d’une force supérieure qui agirait à un niveau dont nous n’aurions pas connaissance. Que vous puissiez y croire, cela se comprend encore, mais moi ?

Qui plus est, cette soi-disant ‘perfection’ est au mieux hypothétique. Le plus dur n’est assurément pas de les faire tomber amoureux. Après tout, les contraires s’attirent naturellement. A n’en pas douter, le plus complexe sera de s’assurer que leur histoire dure le plus longtemps possible. Assez en tout cas pour avoir une descendance, et dans l’idéal, assez longtemps aussi pour éduquer cette descendance… Je ne vous ai rien caché : Dasom n’est pas homme à rester bien longtemps auprès d’une compagne, aussi belle soit-elle. A contrario, Sheen n’est pas femme à accepter un mari volage. La vraie gageure se situe donc là.

J’ai déjà une stratégie pour ça. Encore une fois, c’est la nature humaine, la cruelle nature humaine qui sera mon fer de lance. Je sais que Dasom ne changera jamais – et pour tout dire, je n’y tiens pas. La solution viendra de Sheen. De sa douceur ; mieux, de son innocence. Car si Dasom désire l’amour, il n’en a pas pour autant besoin ; contrairement à Sheen, qui craint l’amour mais en a terriblement besoin. Il devrait être aisé, dés lors qu’elle aura souffert par amour pour un autre, de lui faire admettre les travers de Dasom. Elle en souffrira encore, mais ce renoncement, c’est triste, ne saurait se faire sans souffrance. Si je pouvais lui éviter ces peines, je le ferais avec joie, mais le dessein que je sers est trop grand pour que je m’apitoie.

Mais, une fois de plus, je digresse. Revenons-en au fait que je partageais mon temps entre mes deux protégés. Je venais tout juste de quitter Dasom. Pour être honnête, j’étais encore grisé par l’incroyable audace du jeune homme. C’est donc l’esprit léger que j’arrivais au manoir de mon doux agneau. Je remarquais les crocus en fleur, mais pas l’agitation inusitée qui régnait dans les lieux. Et pourtant, très vite, je me rendis compte que quelque chose ne tournait pas rond. Je sondais quelques esprits, à la volée, pour saisir le nœud du problème : Sheen avait disparue.

La maisonnée, on s’en doute, était raisonnablement inquiète. Son père et sa mère n’en étaient pas encore à se ronger les sangs : ils cherchaient, en gens éduqués, où lancer les recherches. En fait, j’étais le seul à être complètement mortifié. J’avais étendu ma conscience aux limites extrêmes de mon pouvoir, sans ressentir la présence de mon élève. Je devais me rendre à l’évidence, Sheen avait quitté ce monde. J’étais proprement abasourdi. Je restais un bon moment auprès de ses parents, gardant pour moi l’horrible vérité. Sheen avait quitté ce monde. La douleur m’étreignait comme le premier humain venu. Je pleurais sur la perte d’un être d’une telle bonté. Sheen avait quitté ce monde. Ce n’est que plus tard que je me rendis compte que sa disparition sonnait le glas de mes projets. Le lancinant sentiment de douleur reflua alors pour laisser la place à un autre, bien plus impétueux : le désir de vengeance.

Alors que la veillée s’organisait dans le manoir, je commençais ma propre enquête. Je m’insinuai dans la conscience de ses proches, cherchant à établir la chronologie exacte de sa dernière journée en ce monde. Elle avait déjeuné avec ses parents puis les avait quittés en précisant qu’elle comptait profiter de sa journée pour étudier. Le dernier à l’avoir vu, toutefois, c’était le vieux majordome. Sonder l’esprit de cet être décrépi n’avait rien de plaisant, je m’y forçais néanmoins. Je la vis alors se diriger vers l’aile ouest, c’est à dire vers le laboratoire de sa mère. Je m’y projetais, à la recherche d’indice. Si j’y sentais confusément les traces de son passage, impossible pour autant de deviner ce qu’elle y avait fait et où elle était partie.

J’enrageais d’être déjà bloqué dans mes investigations. Je puisais sans vergogne dans mes pouvoirs en invoquant la Gestalt du lieu. Essentiellement issue de la pierre du manoir, l’essence de la magie coulait toutefois dans ses veines, du fait de son statut de laboratoire magique. L’interrogatoire ne fut pas aisé. La pierre n’a pas les mêmes références temporelles que vous et moi. Sa capacité à discerner les humains et leurs activités est très réduite. Fort heureusement, l’essence de la magie lui donnait ce petit surplus d’intelligence qui permit la réussite de mon enquête. A travers le brouillard de la communication biaisée entre nos deux espèces, je pus apercevoir ma bien-aimée Sheen entrer dans le laboratoire, puis s’attarder le long de la bibliothèque privée de sa mère, s’arrêtant ça et là devant quelque grimoire, sans doute de première importance. Cherchait-elle quelque chose de précis ? La vision était trop indistincte pour en avoir la certitude. Elle se saisit d’un codex, pour le reposer presque aussitôt. A pas hésitant, elle se dirigea vers l’atelier de sa mère. Qu’avait-elle en tête ? Je la vis manipuler des cristaux luminescents, et j'eus l’impression qu’elle fut surprise par l’apparition du portail à quelques mètres d’elles. Et pourtant, elle n’hésita pas à l’emprunter.

Ainsi, dans un sens, j’avais bien raison, Sheen avait quitté ce monde, mais pas de la façon dont je le pensais. L’espoir revenait, mais je restais concentré. Je tentais de clarifier la vision, espérant repérer l’enchaînement des cristaux qui avait présidé à la création de ce portail. Ainsi seulement je pourrais trouver le monde dans lequel elle avait abouti. Mais j’atteignais les limites de l’intelligence de la Gestalt. Malgré toutes mes tentatives, tantôt implorant, tantôt exigeant, je ne pus rien en obtenir de plus. Je me hâtais de modeler une intuition, celle du départ de Sheen par un portail, et je l’insufflais dans le cœur de sa mère. Elle était très réceptive, mon message atteint son but. Ensuite, je me préparais à quelque chose de vraiment inédit pour moi : à savoir, un grand voyage.

Pardon ? Ah, j’aurai dû me douter que vous me poseriez la question à un moment ou à un autre. J’imagine que c’était inévitable. Vous voulez savoir qui je suis ? Ou plutôt ce que je suis ? C’est légitime… Je pourrais vous donner un nom, mais cela ne vous aiderait en rien. Comprenez-moi : vous vous faites appeler Humains, mais cela vous définit-il ? Non, bien sûr. C’est juste une méthode sémantique pour vous distinguer de ceux dont vous estimez qu’ils ne vous ressemblent pas. A mes yeux, il n’y a pas assez de différences entre un humain et un elfe pour mériter deux noms distincts. Comme les noms semblent vous importer, je peux vous en donner quelques-uns. Certains d’entre les vôtres nous appellent les Puissances – ce que je trouve trop pompeux – ou les Évanescents – sur celui-ci, je ne me prononcerais pas. Non, mon préféré, c’est : les Contingences. Je pense qu’à l’origine, ça se voulait une insulte. Ça me convient parfaitement. Vous savez donc maintenant qui je suis : une Contingence.

Cela ne vous suffit pas – je vous avais prévenu – alors je vais tenter de définir ma nature. Moi et les miens vivons depuis très longtemps. Il n’est pas insensé de supposer que nous sommes éternels, mais nous n’en savons rien : aucun de nous ne se souvient de son apparition. Des théories existent. Il y en a pour penser que nous sommes des divinités en devenir, je n’y crois guère. Le plus important, sans doute, c’est que nous sommes aussi immatériels que peut l’être une pensée. Nous pouvons voyager dans votre monde à de grandes vitesses. D’une certaine façon, nous sommes de parfaits observateurs. Pour ce que j’en sais, il n’y a aucun lieu en ce monde qui nous soit inaccessible. A commencer par votre esprit. Nous pouvons y lire avec une grande facilité. Encore que lire n’est sans doute pas le terme ad hoc : un esprit n’a rien d’une bibliothèque.

Bien sûr – et vous l’aviez déjà compris – nous pouvons aussi interagir, dans une moindre mesure, avec votre réalité. C’est à ce point limité que cela en serait frustrant si nous n’avions le temps de notre côté. C’est pour cela que les miens répètent souvent ce dicton : les plus petites causes font parfois les plus grands effets. C’est tout à fait vrai, même si j’imagine que nous avons adopté cette idée plus par nécessité que par choix. Je ne m'étendrais pas sur ce point, et ce d'autant plus que nous n'avons pas tous les mêmes capacités. Disons pour simplifier que nous pouvons influer sur vous de trois façons principales : au travers de votre cœur, de votre âme ou de votre raison, ou dit autrement, via vos sentiments, vos rêves ou vos pensées. C'est plus ou moins aisé, plus ou moins couronné de succès. Ainsi, vous insuffler des sentiments est très facile, mais aussi terriblement limité. A l’inverse, vous envoyer des pensées est un procédé long et compliqué, et bien sûr, terriblement puissant. Enfin, les rêves… Qu’en dire ? La majorité des humains oublient leurs rêves dans le quart d’heure qui suit leur réveil. Et les autres n’en gardent qu’un souvenir embrumé dont ils ne font aucun cas. On parle parfois d’individus très particuliers, à la mémoire eidétique, qui se souviennent mot pour mot de leurs rêves… Personnellement, je n’en ai jamais rencontré le moindre. Votre curiosité n’est sans doute pas pleinement satisfaite, mais il vaudra vous contenter de cela pour l’instant.

Revenons-en à notre histoire : je m’apprêtais à partir pour un grand voyage. Sans exagérer le plus long des voyages que je n'ai jamais eu à faire. J'ignorais quelle avait été la destination de Sheen, mais je pouvais formuler trois hypothèses. Soit le portail l'avait mené à un endroit où toute vie était impossible, et dans ce cas, il était déjà trop tard. Soit elle se trouvait à un endroit où la vie était possible et raisonnablement paisible, et dans ce cas, elle n'était pas en danger immédiat, juste perdue. Enfin, ma dernière hypothèse : elle se trouvait dans un lieu hostile où sa survie était aléatoire. Mes connaissances sur les voyages inter-dimensionnels étaient suffisantes pour que je sache les trois hypothèses sensiblement équiprobables. La logique voulait donc que je commence par les endroits à risques. Si cette logique vous échappe, il ne servirait à rien que je cherche à vous l'expliquer. Continuons.

Mes connaissances théoriques sur le domaine étaient très vastes, mais il me manquait une approche pratique. Je n'eus pas à aller bien loin, je me servis dans l'esprit de la mère de Sheen. Malgré l'ampleur de l'effraction, elle ne se rendit compte de rien, aveuglée par son chagrin. Mon voyage pouvait débuter. J'avais dressé la liste des lieux hostiles dans lesquels elle aurait pu arriver, les classant suivant leur degré de dangerosité décroissant. Je glissais ainsi de monde en monde. Sur chacun d’entre eux, j'étendais ma conscience dans l'espoir de sentir sa vibration. Ce que je découvrais, à chaque fois, me laissait perplexe. Je ne ressentais jamais sa présence, ce qui pouvait dire qu'elle n'était jamais arrivée en ce lieu, ou bien... qu'elle n'y avait pas survécu. Même si j'étais conscient de cela dès le début de mes recherches, et que je me tournais résolument vers l'espoir, chaque nouvelle tentative venait me torturer, chaque fois un peu plus.

Bien rares sont les chroniques laissées par des voyageurs dimensionnels, mais je gage qu’aucun n’avait jamais traversés autant de mondes que moi, et surtout aussi rapidement. Malgré tout, au vu de l’enjeu, j’avais l’esprit serré de tant de lenteur… Je tenais une comptabilité aussi précise que complexe, incluant les mondes visités, ceux restants à visiter mais aussi leur dangerosité dans la durée. En effet, malgré les capacités de Sheen, j’étais bien conscient qu’elles ne pouvaient survivre plus que quelques jours ou quelques semaines dans certains mondes.

Quand ma liste des mondes hostiles fut épuisée, une année s’était presque écoulée. Sur mon échelle personnelle, une année n’est habituellement pas grand chose. Mais de toute de ma vie – pour autant que je m’en souvienne – jamais aucune période n’avait été aussi remplie et pourtant aussi vide de résultat. A ce stade, soit ma protégée n’existait plus, soit elle ne courrait pas de danger immédiat. J’oblitérais ma conscience plusieurs lunes pour retrouver assez d’énergie pour continuer mon périple. Vous diriez dans votre langue que je m’endormais pour récupérer mes forces. En toute franchise, j’en avais bien besoin. Néanmoins, je réduisis ce repos au strict minimum. Que Sheen ne soit pas en danger immédiat ne voulait pas dire qu’elle n’était pas en danger du tout.

Je me mis donc à explorer les mondes que je considérais paisible pour les gens de votre espèce. Dans le but de ne pas entamer trop vite les forces que j’avais récupérées, je m’astreignais à un rythme volontairement plus lent. J’économisais ma monture, à savoir moi-même. Je découvris à l’occasion des mondes merveilleux où je dois reconnaître qu’il me vint parfois l’idée d’abandonner ma quête. Mais j’avais bien trop investi sur cette petite humaine pour arrêter là. Je me sentais lié à elle comme seul un inventeur peut l’être avec ses créations : j’avais insufflé en elle une partie même de ce que je suis.

Enfin, j’arrivais en un lieu où je ressentais sa présence. C’était la récompense de tous mes efforts : elle était saine et sauve, à portée d’esprit. J’avais réussi. La joie que je ressentais était presque physique… C’est quelque chose de particulièrement rare pour moi, et je m’y plongeais pleinement. J’étais heureux, et bientôt même heureux d’être heureux. Cela me mettait dans des dispositions favorables. Si j’avais eu un cœur, il se serait littéralement gonflé de bonheur. Quand je l’aperçu enfin, elle me sembla resplendissante. Elle était accompagnée par deux femmes, deux représentantes d’une sous-race elfique locale. D’emblée, je les classais ces autochtones comme sympathiques. Ensemble, elles devisaient chiffon, tentant de persuader Sheen d’essayer une superbe robe blanche, quasi-nuptiale. Ma protégée rayonnait, visiblement aux anges. Je ne me souvenais pas de l’avoir jamais vue aussi enjouée. Ses sentiments étaient à l’unisson des miens, ce qui me sembla naturel sur le moment. Evidemment, j’aurais dû être plus avisé : j’aurais plutôt dû me demander ce qui rendait heureuse cette jeune femme perdue, exilée loin de sa famille et de ses proches.

Ma seule pensée, mon seul désir était de la ramener chez nous. Ce dont j’étais virtuellement incapable, malgré l’étendue de mes pouvoirs. Cela ne m’inquiétait pas : j’avais eu assez de temps pour me préparer à cette heureuse éventualité. Je revins donc, victorieux mais seul, à mon point de départ : Abeir-Toril. Au manoir, par deux fois, les crocus avaient refleuris. Je ne fus pas le moins des mondes étonné de voir que la mère de Sheen s’était lancée dans les mêmes recherches que moi. Limitée par des contraintes de mortelle, j’estimais qu’il lui faudrait au bas mot quelques décennie avant d’arriver à un résultat positif. Malgré tout, je me sentis très proche d’elle : au delà de nos différences nous étions unis pas le même sentiments, nous voulions faire revenir Sheen. Je m’employais donc à lui transmettre l’emplacement du monde dans lequel se trouvait sa fille. Ce ne fut pas une sinécure. Tout d’abord, j’étais bien plus épuisé que je ne l’avais imaginé. Ensuite la traduction littérale de coordonnées dimensionnelles en pensées, rêveries ou sentiments n’étaient pas aisées. Enfin, le chagrin en elle avait laissé place depuis longtemps à la pugnacité, ajoutant une barrière supplémentaire à notre communication. Je n’avais ni la sérénité suffisante ni la patience nécessaire pour travailler en finesse : j’enfonçais le résultat de mes recherches tout au fond de son crane. Encore aujourd’hui, je me demande si elle n’est pas consciente d’avoir été aidée, d’être tombée sous le coup d’une ‘inspiration divine’.

Une fois cela fait, je m’accordais trois lunes d’oblitération. Ce qui est fort peu, compte tenu de la situation. Mais je voulais profiter du retour durement acquis de ma protégée. En fait, l’histoire pourrait s’arrêter là. Disons : elle aurait dû s’arrêter là. Quand j’arrivais dans les appartements de Sheen, un homme s’y trouvait déjà. Il était en train de coiffer sa chevelure de feu avec une lenteur coupable. J’observais son visage une seconde avant de comprendre qu’il s’agissait d’un Innamorato, un de ces dangereux fous d’amour… J’avais laissé une jeune femme vive et indépendante, et voilà qu’elle nous ramenait cette créature fadasse et laide qui n’avait d’homme que le nom. C’était d’autant plus intolérable qu’il ne lui arrivait pas même à la cheville. Sonder son esprit fut une épreuve en soi qui me confirma qu’il n’y avait rien à tirer de ce freluquet : il n’avait aucun pouvoir, aucun don, aucune aptitude qui aurait pu racheter tout le reste. Je ressentis même une pointe de colère à l’encontre de ma bien-aimée. Si elle avait voulu sentir les affres d’un amour inconditionnel, elle n’aurait eu qu’à s’offrir un chiot : aussi fidèle, probablement plus intelligent, et autrement plus décoratif ! D’autant que j’avais bien l’intention qu’elle m’offre une lignée royale au bras de Dasom. Non, je n’avais pas d’autre choix que de faire déguerpir ce malotru.

J’avais traversé des éons d’espace pour retrouver ce petit bout de femme, j’allais écarter cet intrus comme le misérable moustique qu’il était. Cette fois non plus, je ne cherchais pas à faire dans la finesse : je lui insufflais l’idée qu’il n’était pas assez bien pour elle. L’attaque le toucha de plein fouet : il ne remit même pas en cause l’origine ou le bien-fondé de l’idée. Mais il ne partit pas pour autant. J’insérais dans son esprit l’image de tous les autres hommes – nettement mieux que lui – qu’elle rencontrerait. Il tint bon. Je portais l’estocade, je lui soufflais qu’elle ne l’aimait plus, qu’elle se moquait de lui. Il l’épousa.

Ce fut un joli mariage, encore que très simple. J’y étais. La robe de Sheen n’arrivait pas tout à fait à cacher les premières rondeurs de sa grossesse. J’enrageais. Tout le monde arborait un sourire rayonnant, pris dans l’enthousiasme général. Sauf moi. C’est en les regardant s’embrasser que je pris ma décision. Ce petit homme avait gagné une bataille, certes, mais il n’avait pas les moyens de gagner cette guerre. Et, en toute humilité, j’avais commis des erreurs. La première, c’était un excès de sensiblerie : j’avais souhaité le chasser. Maintenant, c’était décidé, il paierait son impudence de sa mort. La deuxième erreur, sans doute la plus prégnante, c’était le choix de la méthode : je m’étais détourné du dicton de mon peuple et de son sens profond, ‘les plus petites causes font parfois les plus grands effets’. J’avais fait preuve de force brute, comme le premier des novices. J’allais maintenant trouver sur quel caillou instable je devais agir pour déclencher l’avalanche qui engloutirait ce gêneur.

Ainsi, pendant plusieurs lunes, je fis ce que les miens savent le mieux faire : j’observais. Le mari de ma bien-aimée était à ce point sans saveur que personne sur Abeir-Toril ne semblait lui vouloir le moindre mal. C’en était presque désespérant. Heureusement, Sheen, elle, ne manquait ni de saveur, ni d’ennemis. Son mari était parfaitement éligible au statut de dommage collatéral. Je fis le tour de tous les adversaires plus ou moins reconnus de Lunargent, je me mis au courant des projets qui se tramaient dans l’ombre. D’ailleurs, cela doit rester entre nous, mais pour une si petite cité, elle accumule vraiment beaucoup d’antagonismes. Cela m’arrangeait bien, j’avais plus de choix. Au final, ce fût l’ambitieux projet d’un groupe de drows qui emporta ma décision. Ils étaient sûr d’eux, ils ne craignaient pas de prendre des risques. Ils avaient pour objectifs de placer des agents à eux à l’intérieur de la cité, de retourner un agent de Lunargent à leur compte et enfin de discréditer une Sheen qui leur causait bien des désagréments, tout cela en une seule opération. Et quelle opération !

Avant même que ‘Syzygie’ ne commence, des fonds lui avaient été alloués, une unité de guerriers drows avait été mise à sa disposition et les deux derniers membres du groupe des Hydres lui avaient été affectés. Rien que cela mériterait une histoire à part entière… C’est bien dommage, la nuit pâlit déjà, l'aube s’approche à grand pas. Je n’ai que trop tardé et ma propre histoire, la raison de ma présence ici, n’en est pas encore tout à fait à son terme. Syzygie était donc une opération audacieuse et bien dotée. Elle profitait qui plus est de la présence d’un ange gardien : moi.

La première étape du plan était d’appâter Lunargent en leur faisant miroiter l’existence d’alliés dans leur lutte. Cela devait être fait avec beaucoup de délicatesse, bien sûr, pour que le piège ne soit pas révélé. L’hameçon était si délicat que seul un fonctionnaire anonyme y mordit et encore, du bout des lèvres. Malheureusement, il fut incapable de motiver ses décideurs à investiguer. Il était même à deux doigts d’abandonner. J’y mis un peu du mien, poussant notre poussif fonctionnaire à partir à la recherche des hypothétiques alliés lui-même, et cette partie du plan réussi tant bien que mal.

A leur tour, les Hydres entrèrent en jeu. Elles se laissèrent ‘trouver’ par le fonctionnaire. Il cru avoir à faire avec de véritables opposants au zentharim. Un rapprochement fut évoqué, la possibilité d’une alliance, secrète ou cachée, fut discutée. Mais le fonctionnaire n’ayant pas de pouvoir de décision, il devait faire rapport auprès de ses employeurs. Un cadeau fut offert en gage d’amitié : une liste d’agents dormants infiltrés au cœur de Lunargent. Bien sûr, la liste était fausse, dans l’ensemble. Mais il s’agissait d’un mensonge assez subtil, contenant une part de vérité, et énormément de vraisemblance. Quelques vrais agents du zentharim y étaient même mentionnés. Cette liste, c’était le deuxième appât, pour ferrer le plus gros poisson. Les Hydres laissèrent filtrer des informations à propos de cette liste à des informateurs de Sheen. Bien sûr, quand le plan avait été pensé, personne n’aurait pu imaginer que Sheen tomberait enceinte. Ainsi elle ne se chargea pas elle-même de récupérer la liste, mais un de ses sous-fifres s’en occupa. Un détail mineur pour l’opération. Le plus important dans ce plan, c’est que Sheen, à un moment ou à un autre, arrive en possession de cette liste de façon frauduleuse. Cet acte serait alors monté en épingle auprès des maîtres de Lunargent, afin qu’ils remettent en cause la loyauté de ma bien–aimée.

Dans l’ensemble, je laissais le plan se dérouler comme les drows l’avaient prévu. Je saisis ma chance dès que j’en eu l’opportunité. Alors que son mari se retrouvait seul, avec la liste à portée de main, je soufflais sur lui un savant mélange de curiosité et de jalousie. Comme je le souhaitais, il ouvrit le coffre à bijoux, déclenchant ainsi l’avalanche qui allait fondre sur lui. A partir de cet instant, je restais spectateur. Je dois dire que je fus un peu déçu. Ce moustique faisait preuve d’une chance insolente, et chacune des tentatives d’assassinat sur sa personne échouèrent. L’histoire finit bien, en fait. Syzygie a été mené à son terme avec le succès qu’on lui connaît, le mari de Sheen a enfin débarrassé le plancher en rentrant sur son monde, ma bien-aimée est persuadé que son mari est un traître… Non, le résultat est satisfaisant. Bien sûr, j’aurais préféré le voir mort. Mais ce n’est qu’un menu détail de l’histoire. D’ailleurs, c’est presque mieux ainsi. Vous vous souvenez quand je vous ai dit que Sheen devrait souffrir par amour avant de rencontrer Dasom ? Je suis persuadé que la trahison d’un époux remplit parfaitement cet office. C’est ce qu’on appelle un plan parfaitement huilé, n’est-ce pas ?

Sheen, bien sûr, ne doit jamais connaître mon rôle dans tout ceci. Ce qui nous amène au point suivant : pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela ? Vous n’êtes d’ailleurs pas le premier à qui j’en parle. Pourquoi, donc ? Certes, elle ne doit jamais l’apprendre. Mais d’un autre côté, j’aimerais tant qu’elle l’apprenne. Qu’elle sache qu’il y a quelqu’un qui l’aime, vraiment, pour ce qu’elle est. Quelqu’un qui est et sera toujours là, auprès d’elle, sans jamais rien attendre en retour. Je serais à jamais l’ombre de son ombre. Je sais que je n’ai pas cœur pour aimer, mais le sien est assez grand pour deux, croyez-moi… Et vous ? Vous, je sais que vous avez des aptitudes pour mettre de jolis mots sur de jolies histoires. Je me doute bien que vous aurez sûrement tout oublié à votre réveil, comme les autres. Mais qu’importe, il se trouvera bien quelqu’un, un jour, pour s’en souvenir et l’écrire. J’en suis persuadé : un jour, elle saura que j’existe et ce que j’ai fait pour elle. Après tout, le temps est de mon côté.

Oh oui, une dernière chose : une enquête a été diligentée sur les agissements présumés de Sheen. J’ai chuchoté à la bonne personne que ce serait une mission parfaite pour Dasom …
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MessageSujet: Re: Gloire d'en-Haut   Gloire d'en-Haut Icon_minitime04/03/10, 12:03 pm

Excellent, voilà qui explique bien des choses ! Very Happy
Vraiment original et bien vu !
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MessageSujet: Re: Gloire d'en-Haut   Gloire d'en-Haut Icon_minitime24/03/10, 07:25 pm

Merci, en effet j'aime bien ce récit. Et quelque part, il date de loin. Voici l’histoire de l’histoire

Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne je considère que mes persos m’appartiennent. Qu’on ne vienne pas me dire : « Moi, je crois plutôt que ton chasseur agirait comme ci ou comme ça. » Car bien sûr, c’est à moi qu’il revient que mes persos agissent de façon cohérente…

Quand Sheen et Jilezor se sont mariés, ma foi, sur le coup, je n’ai rien trouvé à y redire. Je me rendais bien compte que cela impliquait une certaine forme de subornation de la part du joueur qui se cache derrière Sheen. A l’époque, j’ai laissé faire.

Mais les relations changent, et cette relation-ci m’était vite devenue insupportable. De fait, je me suis donné comme mission de récupérer pleinement mon personnage. J’aurais pu faire comme si de rien n’était, mais bon, ce n’était pas terrible. Vous me connaissez un peu : il fallait donc que j’écrive un petit récit là-dessus. Dans sa forme la plus simple, cela aurait pu donner quelque chose comme ça : « Un jour, Jilezor se réveille – d’assez bonne humeur d’ailleurs. Il regarde la femme qui dort à ses côtés et se rend compte qu’il ne l’aime plus. Fin de l’histoire. » Mais avouez que c’est assez moche.

Et puis, si vous êtes comme moi, vous trouverez aussi que ce n’est pas fairplay. Comme si vous suiviez un épisode de votre série préférée, et qu’à la fin le héros soit coincé sans parachute dans un avion en flamme. Le vrai cliffhanger en somme. Et puis, début de l’épisode précédent : il se rend compte que si, en fait, il y avait bien un parachute caché quelque part. Le scénariste qui ferait cela mériterait d’être maudit entre tous ! Il fallait donc que je trouve une autre approche que de nier les sentiments entre Jile et Sheen. D’ailleurs, de mon point de vue, il s’agit d’un aspect important de mon mage.

Mon idée de départ, c’était justement de forcer un peu ce trait, d’imaginer que cet amour pouvait se transformer en une réelle malédiction. La première trame donnait ceci : J&S vivent sur Toril et y coulent le plus parfait amour, à tel point même, qu’ils attirent l’attention d’une divinité locale. (Je ne connaissais pas trop AD&D, mais je me disais bien que je trouverais une divinité qui pourrait coller.) Mais il fallait raffiner un peu l’idée, bien sûr. Que pourraient faire deux humains contre une divinité ? (En gardant à l’esprit que le but in fine est de les séparer.) J’ai donc décidé que cette divinité ne pourrait pas intervenir directement sur le plan matériel (pour une raison ou une autre). Donc cette divinité pourrait juste souffler sur les braises et tenter d’allumer un incendie. Ce qui me semblait drôle, car l’histoire pourrait être lue à différent niveaux.

La trame était définie. J’ai alors écris le synopsis de De Haut Vol (une demi page) et j’ai commencé à réfléchir aux détails. Et puis un sentiment pénible à commencer à s’insinuer. Un sentiment chevaleresque ou de la lâcheté ? A vous de choisir. Je me suis dit que ma démarche était mauvaise, et sur deux points plus spécialement : d’une part j’allais livrer un texte entérinant la séparation entre J&S sans que la joueuse derrière Sheen ne puisse réagir. D’autre part, j’allais faire intervenir son personnage sans son accord ni même son avis. Si vous n’êtes pas tout à fait endormi, vous remarquerez que c’est justement ce que je dénonçais il y a trois paragraphes de cela.

Changement de cap encore une fois : j’ai décidé de raconter une histoire où son personnage n’intervient pas, et d’en quatre ou cinq épisodes courts avec une quinzaine de jours entre chaque publication. Le but (dans ma tête en tout cas) étant de lui laisser le temps de réagir et d’écrire une réponse. (Ce qui n’est pas arrivé.) Ce récit multipartite, c’est bien sûr Ad Patres. Le chapitre I raconte les recherches de Plume sur la famille de Jilezor, et le départ de celui-ci de Lunargent. Le chapitre II nous raconte comment Jilezor a effectivement retrouvé sa famille. Le chapitre III est un peu plus mouvementé : il évoque le sauvetage de Jeanne, son amie d’enfance. Le chapitre IV nous explique que Jilezor avait juré à Jeanne de se marier avec elle, dans leur enfance. Le chapitre V devait raconter comment Jilezor avait décidé de fuir Sheen et de protéger Jeanne de cette dernière. Je les écrivais, je les envoyais en correction, puis je les publiais sur le forum des Chroniques Eternelles (lequel était administré par la joueuse qui se cache derrière Sheen (Vous suivez à peu près, là ?))

Quand je lui ai fais parvenir le chapitre IV pour correction (domaine dans lequel elle est douée), catastrophe (enfin, toute relative, hein) : j’ai été banni du forum. Je pensais bien que ça ne lui plairait guère mais de là à me bannir ? Enfin, du coup, les 4 chapitres écrits sont parus sur le forum des Loups, ce qui était tout aussi bien. D’ailleurs, c’est un détail, mais après quelques temps, la joueuse a publié un lien vers le forum des Loups. Ce qui à mon sens dénote une certaine honnêteté intellectuelle. Oui, je sais, j’idéalise, mais quand même.

Enfin, bref, les liens étaient coupés. Mission accomplie en somme.

Sauf que le synopsis de De Haut Vol était déjà écrit. C’est resté à me trotter dans la tête, pas loin d’une année. Dans le genre idée fixe. Ca vous taraude, ça vous grignote de l’intérieur. Tout spécialement parce que j’avais l’impression que c’était un bon scénar. Mais de l’autre côté, à quoi bon l’écrire. Le but était de couper les ponts, ce qui était déjà fait, et le seul vrai public à ce récit c’était justement la personne avec qui j’avais rompu toute relation. Vous connaissez comment le dilemme s’est résolu : je me suis décidé à écrire De Haut Vol. Pire, je lui ai envoyé en correction. Je sais, je suis maso, mais que pouvait-elle faire de plus ? Me bannir ? Ca, c’était déjà fait…

Bon, bah, elle a adoré. Allez comprendre. Dans ma tête, cette histoire-ci avait 3 aspects. Le premier est raconté dans De Haut Vol : comment Jilezor quitte Toril en croyant que Sheen cherche à le tuer. Le deuxième aspect (Rêve de Gloire) c’est la réalité du complot dont Jilezor est la victime. Le tout dernier, c’est le niveau supérieur : l’histoire de la divinité à l’origine de tout ceci (Gloire d’en Haut). Sous l’influence de la joueuse en question, il y a eu quelques variations : tout d’abord, les divinités « réelles » de Toril ne pouvaient pas convenir à mes besoins, c’est pour cela que j’ai créé ces demi-divinités que sont les contingences. Et si vous suivez toujours, vous vous rendrez compte que je n’ai pas parlé de Voleur de Rêve, qui n’est jamais que le point de vue de Sheen sur De Haut Vol.

L’histoire, toute l’histoire, est donc racontée et bien racontée. Il n’est pas impossible que j’y trouve une suite (m’enfin pas si sûr non plus) mais il ne s’agira plus de la même histoire.
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MessageSujet: Re: Gloire d'en-Haut   Gloire d'en-Haut Icon_minitime25/03/10, 09:47 am

Il m'est évident que nos personnages, au même titre que nous-mêmes, nous appartiennent et que dans chacun d'eux on y met de nous et du vécu du moment.

En tout les cas le résultat est bien et cohérent. Joli travail l'artiste.


Dernière édition par Gorbs le 25/03/10, 04:29 pm, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Gloire d'en-Haut   Gloire d'en-Haut Icon_minitime25/03/10, 04:24 pm

Très intéressante cette visite des "coulisses" de l'histoire ...
Même si j'en connaissais déjà les grandes lignes et grands rebondissements ... Wink
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MessageSujet: Re: Gloire d'en-Haut   Gloire d'en-Haut Icon_minitime26/03/10, 01:17 pm

Cela fait déjà quelques minutes que je réfléchie à ce que je vais écrire mais tout se chamboule dans ma tête !
En fait, deux mots s'échappent de tout ce que j'ai à l'esprit en pensant à chacun des tes écrits et, à ce dernier, en particulier : "talent" et "en plein coeur".

La formule n'est peut être pas parfaite mais a le mérite de se faire comprendre sans aucun mal : Je prie les Dieux pour qu'enfin l'inspiration te vienne et que le Monde Entier puisse enfin avoir le privilège de te lire !

En tout cas, merci !
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MessageSujet: Re: Gloire d'en-Haut   Gloire d'en-Haut Icon_minitime02/04/10, 09:27 pm

Comme le corbeau, je suis très sensible aux compliments, même (surtout ?) quand ils sont dénués de fondements !! Pour ce qui est du talent, franchement… bref. Et si j’atteins certains d’entre vous en plein cœur, c’est plus sûrement qu’ils ont un très grand cœur. (Je vois que ça.)
Je me suis rendu compte que je n’avais pas rendu à César ce qui lui appartenait. Je vais donc profiter de l’occasion pour évoquer et remercier les personnes qu’on retrouve d’une façon ou d’une autre dans cette histoire.

Arrow Jilezor : c’est bien sûr mon personnage, un de mes personnages principaux d’ailleurs. (Avec le chasseur et le paladin, en fait.) Pour ceux qui ont eu la chance de ne jamais le rencontrer, il s’agit d’un cérébral (plus encore qu’un intellectuel), d’un désabusé mais depuis qu’il est amoureux, c’est aussi quelqu’un d’assez candide.
Arrow Sheen & Riwa : ce sont des personnages de la joueuse déjà évoquée. J’ai essayé de les traiter de la façon la plus impartiale possible. Si ça sonne parfois faux, la faute m’en revient complètement.
Arrow Plume : le personnage du joueur ad hoc. A noter qu’il avait donné son accord pour que j’utilise son personnage avant même que je lui explique toute l’histoire.
Arrow Jeanne : Jeanne est un mélange de personnes que je connais, mais c’est essentiellement une version un peu édulcorée d’une ex-petite amie.
Arrow Lysa / Node : personnage inspiré par Lia de Beaumont, l’alter ego féminin du chevalier d’Eon. (Lysa/Lia / Node/d’Eon.) Pour la petite histoire, ce personnage a été choisi entre autre du fait de son ambiguïté sexuelle. (C’est un truc que la joueuse évoquée précédemment déteste.)
Arrow Maryssa : un peu plus compliqué. Maryssa est née à partir de quelqu’un qui existe vraiment. Une jeune femme remarquable, quelque part entre Florence Forresti et Mme Sarfati, au profil quasi-divin. Son physique (très avantageux) m’a inspiré le personnage de Maryssa. Elle a très vite pris sa place dans l’histoire, et c’est sans doute pour ça qu’elle ne ressemble plus trop à la jeune femme réelle qui est à son origine.
Arrow Dogon : Lui, c’est une invention complète. Il n’y a personne derrière. Je voulais un personnage qu’on aimerait détester, mais qui à terme pourrait avoir quelque chose de touchant dans le fond. (Est-ce comme cela que vous l’avez perçu ? C’est une autre histoire.) De même que Maryssa, il a pris une certaine indépendance, et il a beaucoup évolué au fur et à mesure que je l’écrivais.
Arrow Dasom : Ah, Dasom. Que dire sur lui ? Lui aussi est inspiré par une personne réelle, encore que de façon très caricatural. Peut-être aurez-vous deviné de qui il s’agit… et si c’est le cas, je vous tire mon chapeau, car j’ai vraiment forcé le trait : une sorte de petite vengeance de papier si vous voulez. Pour la petite histoire, il y a une sorte de jeux de mot dans son nom. (Dogon aussi d’ailleurs.)
Arrow La contingence : c’est moi aussi, non pas comme Jilezor qui est acteur de l’histoire, mais plus en tant que spectateur qui peut agir par petites touches sur l’histoire. En fait, Jilezor est mon côté chevaleresque mais naïf, là où la contingence est mon côté auteur en plus sombre. Ce n’est pas un hasard si c’est la contingence qui jette Dasom dans les bras de Sheen. Un peu bizarrement, le narrataire c’est aussi moi. A noter : ce personnage est tiré d’une nouvelle de Buzatti. (A vous de trouver laquelle.)

Quelques petites anecdotes :
Arrow Voleur de Rêve n’est pas vraiment une idée à moi, mais plutôt de la joueuse en question.
Arrow Les titres : De Haut Vol, Voleur de Rêve, Rêve de Gloire, Gloire d’en Haut… Si vous faites attention, c’est comme une sorte de comptine qui se suit et se répète à l’infini.
Arrow La phrase codée à la fin de De Haut Vol, c’est de l’argot des prisons, qu’on appelle parfois du largonji. Il a été étudié et commenté par Victor Hugo. (Certains jugeront si c’était opportun.)
Arrow Les histoires dans l’histoire. Quand j’ai commencé à attaquer ce récit, il m’a fallu répondre à certaines questions : Comment Dogon est devenu analyste pour les services de renseignement de Lunargent ? Qui est vraiment Maryssa, qui sont ses maîtres, pourquoi les suit-elle ? Comment Lysa a récupéré le bijou chez Dogon ? Ces trois histoires en particulier existent nécessairement car je ne pouvais pas me lancer sans connaître les réponses. Elles ne seront jamais écrites mais elles m’ont occupé un certain temps.
Arrow Je ne suis pas très productif, il m’a donc fallu plusieurs années pour écrire tout ça. Pendant cette période, je lisais du Fred Vargas, du Jean-Christophe Grangé, un peu de Dickens et de John Irving. Si certains passages vous ont plu, alors j’imagine qu’il faut plutôt y voir la patte d’un de ces quatre là.

Disons pour finir que j’aime raconter des histoires. Et je m’en rends spécialement compte quand je raconte l’histoire d’une de mes histoires Laughing . Donc si vous aimez ce que j’écris, alors tant mieux, et plus encore : merci.
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MessageSujet: Re: Gloire d'en-Haut   Gloire d'en-Haut Icon_minitime03/04/10, 10:48 am

Qui n'est pas sensible aux compliments ? En tout cas, pas moi... Gloire d'en-Haut Icon_geek

J'aime beaucoup que tu te dédouanes de cette manière de ton impact dans tes récits...
Cela étaye magnifiquement ce que je disais !
Sans le vouloir (car je n'ai jamais été plus sûre de ma vie qu'à ce sujet) tu viens de nous prouver tes talents d'auteur !
Crois-tu que Vargas, Irving, Dickens et les autres n'ont pas, eux aussi, été influencés par leurs lectures, leurs rencontres, leurs souhaits, leurs regrets, leurs émotions, etc... ?
Tu aimes raconter des histoires ? Tu n'es pas le seul, loin de là. Mais combien d'entre nous (ce n'est pas une surprise, tout le monde sait que j'aime raconter des histoires, surtout avec pleins de parenthèses...hein Les Tourangeaux !^^) y mettent autant d'ardeur et de coeur ?!
Les histoires dans l'Histoire ? C'est bien là une preuve éloquente d'un certain niveau d'écriture.... On a déjà tous entendu un auteur, scénariste, bref, un raconteur d'histoires^^, dire que pour ce personnage, il a dû lui écrire sa propre histoire pour plus de cohérence dans l'Histoire !
TOLKIEN, je suis certaine que ce nom vous parle, non ?!
Le SILMARILLION, BILBO LE HOBBIT ont été écrit pour créer le monde DU SEIGNEUR DES ANNEAUX...

Alors, que tu le veuilles ou non, tu as du talent pour raconter les Histoires...

Et, effectivement, pour toucher "en plein coeur ", il faut que le lecteur en est, c'est certain.
Mais, je pense surtout, en grande naïve que je suis, que tout le monde a un Gloire d'en-Haut Herz ...
C'est juste que nous ne sommes pas tous sensibles de la même manière et heureusement !
Le monde serait fade sinon et les auteurs n'auraient plus grand chose à raconter, ce serait dommage tout de même. Gloire d'en-Haut Icon_study

Mais, ne change rien, cette vision des choses n'est certainement pas étrangère à ton style et je ne voudrais pas que tu te perdes sur le chemin...
Continue de t'enrichir de ce qui t'entoure et de nous le faire partager car c'est un pur bonheur !
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