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 Ad Patres IV

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Jilezor
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Feuille de personnage
nom: Jilezor
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MessageSujet: Ad Patres IV   Ad Patres IV Icon_minitime29/08/07, 11:10 am

Partie 4 : Bise & Alizé


La masure était bien tranquille. On entendait, loin au dehors, le bruit de la cognée, et on pouvait sentir l’odeur un peu sèche de la sciure de bois. Sur la table était disposé dans un joli désordre coloré, du lait glacé, du pain aux épices et du miel de faës ainsi que d’appétissantes noisettes. La Mère, comme toujours, avait pensé à tout. D’ailleurs, le fait que la chaumière soit entièrement déserte ne pouvait pas être le fruit du hasard : la famille était bien trop grande pour cela. La Mère avait dû donner des consignes strictes pour qu’ils puissent déjeuner seuls, tous les deux. Plus jeune, Adam aurait pesté contre les habitudes de marieuse qu’avait la Mère. Maintenant cela l’attendrissait plutôt.

Il y avait quelque chose d’irréel, de simplement magique dans ce moment. Adam fut assez long avant d’en comprendre la raison. Ici, il pouvait, enfin, le destin le lui permettait, déjeuner en paix. Cela pourra sûrement vous sembler bien mièvre. Moi, je crois plutôt que cela nous donne la mesure du titanesque typhon qui sévissait en lui. Il lui avait fallu faire bien du chemin, et d’une certaine façon, remonter bien loin dans son passé, pour retrouver un peu de cette sérénité qui lui faisait tant défaut. De ces moments là, il en existe fort peu. Gardons-nous les gâcher bêtement.

Ce fut Jeanne qui brisa ce petit instant de grâce : « Et comme ça, c’est une sorte de cambrioleuse ?
- Eh bien, oui. Enfin, une voleuse. Peux-tu imaginer ceci : elle sait éviscérer. Elle sait de même se glisser dans les ombres. Elle est aussi un peu ensorceleuse... Tu n’as pas trop mal dormi ?
- Bien au contraire, tu as été parfait. Et tu dis qu’elle vient d’un autre monde, et qu’elle préfère y vivre ?
- Un autre monde, un autre plan, un autre univers, un autre niveau d’existence ? Qu’est-ce que j’en sais exactement... mais oui, je te le confirme, elle n’est pas d’ici. Et oui, elle préfère là-bas à ici. Ta cheville va mieux ?
- Ca peut aller. Mais est-elle seulement humaine ?
- Bien sûr qu’elle l’est. Et à part son mauvais caractère, elle partage toutes les caractéristiques des humains. Enfin... des humaines. Tes parents n’étaient pas trop inquiets ?
- Ils te font confiance. Et donc tu n’es pas marié ici, enfin sur Azeroth ?
- Non... J’ai fait mon possible, pourtant. Mais je ne crois pas que ça lui dise tant que ça... Mais pourquoi donc t’aventurer jusqu’au lac du Cairn ?
- Pour la Pacifique. Mais crois-tu vraiment qu’elle t’aime ?
- J’en doute parfois. Mais quand je me dis qu’elle porte mon enfant, alors oui, j’ai la faiblesse de le croire, quelque soit la façon dont elle peut considérer mes origines. Tu n’as pas eu trop peur avec tous ces brigands ?
- Je savais que tu allais arriver. Elle porte ton enfant, la belle affaire, ça prouve juste qu’elle veut un enfant, pas qu’elle veut de toi... Et puis, qui te dit qu’il est de toi, cet enfant ? Elle est rousse, n’est-ce pas ?
- Eh ! Oui, elle est rousse, mais ça ne fait pas d’elle une menteuse... D’ailleurs, ça ne lui va pas si mal que ça... »
Mais il n’était pas besoin d’être grand clerc pour voir que l’argument avait touché, vu comment il bredouillait.
« - Moi, je disais ça, c’était pour essayer de comprendre. Ne le prends pas mal... Tu sais que je ne pense qu’à ton bien à toi. Et d’ailleurs, cet enfant, il sera à moitié humain seulement... Brrrr, ça fait comme si un vent froid vous passait dans le dos, tu ne trouves pas ? » Pensif, il ne répondit rien.

En son for intérieur, Jeanne était consternée. C’est effarant la légèreté avec laquelle les hommes peuvent s’engager, se disait-elle. C’est vrai, quoi... Avant de se mettre avec cette pickpocket, il n’était pas même allé consulter ni une tireuse de carte, ni une chiromancienne. Impensable !

« Adam ? Sais-tu ce qui me plairait ? Ce serait que tu m’accompagnes dans les Marches de l’Ouest. Comme un pèlerinage, un peu... Ne dis pas que c’est dangereux : tu seras avec moi. Nous irons jusqu’à la plage, comme avant. Et jusqu’à Ruisselune aussi. Mais avant, j’aimerais que tu rencontres quelqu’un à Hurlevent. Oh, Adam, chou, chéri, dis-moi oui... » Et elle mit de cette lueur dans ses grands yeux marrons qui rendait tout réplique impossible.

Adam ne laissait pas d’être étonné par l’aisance de Jeanne à se déplacer dans les rues de Hurlevent. Elle l’emmenait vers des endroits qu’il ne connaissait pas, lui qui croyait tout connaître de cette ville.
« Que crois-tu, monsieur nigaud premier ? Chaque Dimanche, je venais à la tour des Mages dans l’espoir de te retrouver. Tu penses si je connais cette ville, maintenant. »

C’est tout près de la Cathédrale de Lumière qu’ils trouvèrent Isaora. Avant même de leur parler, elle a indiqua la sébile, où Adam fit tinter quelques pièces.
« Bien, jeune homme, tu vas mélanger ce jeu tout en pensant à une question, tu vas alors tirer sept cartes et tu vas les retourner toute sauf la dernière. Ces cartes me diront ton avenir et ton passé. La dernière, elle... la dernière répondra à ta question. » Il y avait si peu de passion dans sa voix qu’on aurait pu croire qu’elle récitait un texte. Adam jeta un regard à Jeanne, et commença à battre le jeu. Et comme il retournait une à une les cartes, la vieille femme énonçait :
« Le Baron, le Bateleur, le Nouveau Né renversé, le Bâton Brisé, l’Arbalète et le Bourreau renversé. C’est singulier... Vraiment... Par Borée et Aquilon, c’est un fameux cyclone qui te tient là. Si j’étais honnête je te rendrais la moitié de ton argent : ton passé et ton avenir sont les mêmes. Et si tu n’étais pas si bien vêtu – et si bien accompagné – je croirais que tu es l’un de ces émeutiers évadés de la prison... » Elle fit un silence, de ceux qui font les heures de gloire du théâtre. « Car voici je ce que vois de ton passé et de ton avenir : tu fuis une innommable geôle, et ton périple ne s’arrêtera pas ni aujourd’hui ni demain. Et maintenant, si tu veux toujours savoir la réponse à ta question, retourne la dernière carte. »
Avec le sourire du sceptique, il retourna la carte dans un mouvement d’une lenteur exagérée. Elle représentait une femme d’une grande beauté, vêtue d’une longue toge blanche, et portant deux dagues d’argent qu’elle tenait croisés sur ses seins. L’inscription disait : Arcane X – la Dame d’Ombre.
Le visage d’Adam devint aussi blanc que la toge de la femme de la carte. « Jeune homme, je crois que tu n’as pas besoin de mon interprétation. Tu as ta réponse, n’est-ce pas ? Mais comme tu as payé, et pour t’aider, je vais te livrer la parole d’un homme plus sage que toi et moi. Voici ses mots : il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va... Et maintenant filez. Tous les deux. »

Il en eut des sueurs froides encore bien longtemps après être arrivé dans les Marches de l’Ouest. Jeanne avait dû se mordre la langue tout le trajet pour ne pas lui poser de questions. Ce récit n’est assurément pas l’endroit pour relancer le vieux et compliqué débat de l’existence de l’âme chez la femme. Toutefois, il faut bien reconnaître qu’il y a parfois chez la femme comme un sixième sens presque animal qui lui dicte quand parler et quand se taire ; et autant elles discutent à tort et à travers presque à tout instant de la journée, autant, dans les moments importants, elles savent quoi dire et quoi taire.

« - Te souviens-tu quand nous nous couchions dans l’herbe, pour regarder passer les nuages ? » Il hocha la tête, et la gratifia d’une petite moue.
« Alors viens, redevenons les enfants que nous étions. » Et elle le fit s’allonger auprès d’elle. « Regarde, celui-ci. Ne dirait-on pas un arbre ? Un pommier, même...
- Oui, c’est un peu vrai...
- Et là ? Qu’est-ce donc d’après toi ?
- Une licorne, non ? »
Avant d’ajouter : « Ah oui, les licornes n’existent pas dans ce monde. Alors, un cheval de guerre de paladin.
- C’est bien par ce que tu es mage que je te crois... Et ça, là-bas, près de l’horizon ? Un lapin ?
- Oui, un lapin, sans conteste. Et juste au-dessus, un faucon ou bien un aigle, tu vois, avec ses ailes déployées. Le lapin devrait plutôt fuire très vite.
- Tu te souviens de la question que je posais toujours quand on était plus jeune ?
- Mmmm... Voyons. Mais oui, bien sûr. C’était : ‘Mais quand est-ce qu’on mange ?’...
- Oh !! Adam Holden, espèce de mufle... Tu n’es qu’un malotru, un goujat, et un malappris, par dessus le marché. Je voulais dire la question que je posais toujours quand on regardait les nuages...
- Ah, oui... C’était quelque chose comme : ‘Mais où c’est qu’ils vont les nuages ?’ ou ‘Mais comment qu’ils se déplacent les nuages ?’. J’hésite entre les deux. »

Elle pouffa, heureuse de sa petite victoire : il souriait de nouveau.
Elle reprit : « - Et ce nuage là ? C’est plus compliqué, non ?
- Les deux, là ? Ca ne ressemble à rien de connu... Ou alors je ne vois pas.
- Mais si, regarde mieux... Il s’agit de deux amoureux... Couchés dans l’herbe... Et qui regardent passer les nuages... Ne les vois-tu pas ?... Oh, mais on dirait que le garçon se rapproche de la femme pour l’embrasser... »

Adam se leva d’un bond. « - Tu voulais aller jusqu’à la plage ? Allons-y maintenant, après il risque de faire trop sombre... » Le soleil était encore bien haut dans le ciel. Allez comprendre.

Chemin faisant, il lui dit : « De tout temps, bien que plus jeune, tu as toujours été la plus dégourdie de nous deux...
- C’est bien vrai, ça, »
souffla-t-elle dans un soupir. « Ca tient à ce que tu lis bien trop de livres, je suppose, et ça t’encombre le cerveau.
- C’est possible. Mais que veux-tu ? J’ai deux grands défauts. Premièrement, je suis curieux. Mais, deuxièmement, je suis incapable de lire dans le grand livre de la vie elle-même. Le tout fait que je n’ai d’autre choix que de lire les livres des autres.
- Je ne comprends pas un traître mot de ce que tu me racontes... Et peu m’importe. Je suis simplement heureuse d’être ici. »


Et malgré ses belles paroles, d’un coup, elle devint sombre : « Mais qu’est-il advenu de notre plage ?
- Pardon ? »
Il vit alors les murlocs qui patrouillaient le long de la plage. « Ah, tu ne savais pas. Dans un futur plus ou moins proche, on pourra dire que c’est devenu un vrai trou à murlocs. Mais pas d’inquiétude, auprès de moi, tu ne risques rien.
- Ce n’est pas ce que je risque qui m’inquiète... C’est la disparition d’une époque, d’un monde, de ce que j’ai aimé...
- Hé, mais je suis là, moi... Et si je ne peux pas te protéger contre les changements, je puis néanmoins rester auprès de toi, perpétuer avec toi le souvenir de ce que tu as aimé, et te montrer tout ce que le changement apporte de neuf à aimer. »

Elle ne l’écoutait qu’à peine. Elle lui demanda :
« - Te souviens-tu ce que tu m’avais promis, là-bas, tout près de Ruisselune ?
- Nous étions si jeunes...
- Cela enlève tout crédit à tes promesses ?
- Non, je n’ai pas dit cela. J’avais alors promis de t’épouser, soit ici, soit à la cathédrale de la lumière. Mais te croyant morte, j’en ai épousé une autre. A elle aussi, j’ai fais une promesse : je lui ai dit ‘ce sera toi et moi contre le monde entier’...
- Voilà deux promesses qui vont bien mal ensemble, Adam Holden. »
Elle soupira rageusement. « Oh ! Et puis après tout, fais bien ce que tu voudras... Simplement, considère qu’entre elle et toi, il y a un monde entier, ou un plan, ou un univers, comme tu veux... »

Adam n’avait jamais compris les femmes... Et dans ce domaine, les choses ne semblaient pas s’arranger. Il pensa, néanmoins : « Au moins, maintenant, je sais pourquoi je fuis. »

J.
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