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 Un enfant de la Dague

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Jilezor
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MessageSujet: Un enfant de la Dague   Un enfant de la Dague Icon_minitime30/06/08, 09:53 am

Niram n’avait peut-être que sept ans et demi, néanmoins il savait déjà – du moins intuitivement – que la clé de la réussite réside toujours dans la préparation. En conséquence de quoi, il n’avait rien laissé au hasard.
Tout d’abord, quand son père était parti au marché, il avait poliment décliné l’invitation à l’accompagner ; au contraire, il avait très subtilement appuyé la candidature de sa jeune sœur, Milà – volontaire désignée de cette opération. D’une pierre, deux coups : il était resté à la maison, et qui plus est libéré de son adorable mais encombrante sœur.
Ensuite, travail plus compliqué encore, il avait dû faire de la place sur l’établi parental. Lequel n’était pas en désordre, non, mais il n’y restait pas en temps normal une once de libre pour quoique ce soit d’autre. Un instant, il avait cru voir ses espoirs partir en fumée quand il avait été à deux doigts de faire tomber une fiole d’encre sur le livre de compte de son père. Heureusement pour lui, Niram avait de bon réflexe.
L’étape suivante à l’inverse était bien plus simple. Surtout avec Milà absente. Il s’était faufilé dans sa cachette secrète – laquelle, pour tout dire, se trouvait précisément sous son lit – et en avait extirpé un nécessaire à écrire ainsi qu’une feuille de parchemin vierge. Le nécessaire à écrire, c’était le cadeau qu’il avait reçu pour son septième anniversaire ; et les feuilles de parchemins, il en gagnait – trop rarement à son goût – en passant le balais autour de l’établi.
L’ultime étape de ce plan audacieux, quant à elle, était pleine de dangers : un combat contre une étrange créature plurimillénaire, au regard des plus terrifiants, faisant accroire à tous qu’elle était plongée dans un sommeil sans retour. Un dragon ? Non, pire : Sardine, le chat de la famille. Ce dernier, par un penchant pervers, s’était accaparé, comme à son habitude, la seule chaise qui fût assez haute pour convenir aux desseins de Niram. Pour tromper cet opposant là, il fallut sacrifier un morceau de fromage, mais le jeu en valait la chandelle.
Enfin, il pu poser le nécessaire à écrire sur l’établi, et s’installer sur la chaise gagnée de haute lutte. Ainsi disposé, il commença avec la plus grande minutie possible à faire ses « exercices d’écriture ». Bien sûr, on pourrait se figurer qu’il aurait été mieux à son aise sur la petite table du salon et qu’il y avait là-bas plus de lumière. Sans doute, oui... Mais à la petite table du salon, Elinor n’y travaillait pas. Sa mère avait reçu pour commande de graver un complexe monogramme sur une dague d’un fort bel ouvrage. Semblable à elle-même, elle s’attelait à cette tâche dès le matin, pour se donner le temps d’aller lentement. C’était là sa façon de faire : bien que son geste fût sûr et précis, elle aimait à aller avec une étonnante lenteur qui dénotait sûrement le plaisir qu’elle en retirait. Pour l’heure, elle avait assujetti la dague sur l’établi, et avec un ciseau et un marteau, elle traçait les bords du motif qu’elle devait faire apparaître. Plus tard, elle les passerait une première fois à l’acide, après quoi, elle attaquerait la gravure à proprement parler. Enfin, un passage plus long à l’acide viendrait parfaire son ouvrage. Mais pour tout ça, elle avait le temps.
Niram et Elinor, tout deux à leur façon, travaillaient de part et d’autre de l’établi. Le plan avait donc parfaitement réussi. Encore heureux, d’ailleurs : il l’avait peaufiné plus de trois jours durant. Du haut de ses sept ans et demi, Niram savait – sentait – qu’il n’y avait rien de plus fort, de plus important, en somme rien de plus grand que d’être là, par exemple à travailler son écriture, auprès de quelqu’un qu’on aimait de tout son cœur. Aussi, après chaque mot écrit, il coulait un regard vers ce visage serein, encadré d’une chevelure noire dans laquelle il lui semblait apercevoir parfois des reflets bleus.
- C’est bien, mon cœur, mais n’oublie pas tes majuscules en début de phrase, et surtout forme bien tes boucles.
Le cœur de Niram, justement, fit un bond. Comment sa mère pouvait voir ses erreurs, alors qu’elle n’avait pas levé les yeux de son ouvrage ? Niram partageait avec son père, Orhan, un certain respect et une crainte non moins respectable devant la capacité d’Elinor à se focaliser sur plusieurs choses à la fois. Niram, qui n’avait pas son cerveau dans sa poche, comprit dans sur le champ qu’il allait devoir ruser s’il ne voulait pas que ce moment de pur plaisir se transforme en moment de torture pur et simple. Et son idée était lumineuse : Elinor pouvait sans doute faire deux choses à la fois. Oui, d’accord, mais trois ??
- M’man, raconte-moi comment vous vous êtes rencontré avec P’pa. Il ajouta dans la foulée : ça fait si longtemps que je l’ai pas entendu, je crois que j’ai presque oublié.
- Voilà qui m’étonne, mon cœur, mais d’accord, si tu veux... Elle tomba dans le piège, car après une brève inspiration elle reprit : en fait, ton papa dit parfois que je suis son cadeau tombé du ciel ; et en un sens, il a parfaitement raison. La première fois qu’on s’est vu, c’est quand je suis tombée dans ses bras.
Niram se souvenait bien de cette partie, mais ce passage là le faisait toujours rire.
- Non, c’est vrai... J’avais décidé d’aller me promener, tu vois. Et tes grands-parents n’étaient pas du même avis que moi. Alors, ni une ni deux, je suis passée par la fenêtre, et j’ai sauté vers l’ombre de la ruelle... et accessoirement sur ton papa. A ce souvenir, elle ne pouvait s’empêcher de sourire, elle aussi. Je ne sais lequel des deux était le plus surpris, maintenant que j’y pense... Je me suis relevée la première, et j’ai filée aussitôt, en m’excusant tout juste. Tu comprends, ce n’est pas dans mes habitudes de tomber sur les gens...
- Oui, ça je comprends, articula Niram en pouffant. Puis reprenant son sérieux, il ajouta : mais pourquoi tes parents ne voulaient pas que tu sortes ?
- Disons pour faire court que c’était la fête de l’Herbe Verte, et que les gens de bonne famille, comme tes grands-parents, ne voient pas l’intérêt d’y participer... Alors que moi si. Je peux continuer ?... Bref, c’est comme ça que j’ai rencontré ton papa : en lui tombant dessus. Je ne l’ai plus revu ensuite.
- Mais ce n’est pas possible, s’écria Niram pris au dépourvu. Elinor souriait de son petit tour.
- Je veux dire : je ne l’ai pas revu cette nuit là. Je ne l’ai revu qu’une semaine plus tard : c’est à dire la seconde fois où je suis sortie par la fenêtre de ma chambre. Bien sûr, je l’ai tout de suite reconnu. Mais cette fois-ci, il m’attendait... Et il s’est proposé de me faire visiter des quartiers de Padhiver qu’une fille comme moi ne connaissait que de nom. Impossible de refuser. Et en plus, il avait déjà son sourire d’ange.
- Mais tu n’as pas eu peur, même un petit peu ? Bien sûr, Niram connaissait la réponse. Son père n’était pas le genre d’homme à faire peur, quelles que soient les circonstances.
- Pas un instant. J’ai su dès le début qu’il préférerait mourir que de me voir blessée... Penses un peu à ça, et tu verras que ce n’est pas si courant. Et tiens, pendant que tu y réfléchis, profites-en pour soigner un peu tes jambages et tes arrondis.
Niram, qui croyait s’en être plutôt bien sortie jusque là, fit la moue, mais ne baissa pas les armes.
- Et vous vous êtes revus souvent, après ? Et tes parents ne se sont doutés de rien ?
- On pourra dire ce qu’on veut de tes grands-parents, mais ils sont loin d’être des idiots. Heureusement, ils sont facilement aveuglés par d’autres considérations, par exemple pécuniaires. Comme on dit : on ne fait attention à l’argent que quand on a déjà. C’est très approprié dans leur cas.
- Moi, je les ai jamais vus tes parents ? Non ?
- Non, jamais... Quelque part, j’imagine que c’est un peu triste. Mais n’oublie jamais qu’on ne peut jouer qu’avec les cartes que la vie nous donne. En tout cas, c’est ce qu’on dit, soupira-t-elle. Niram entendait d’autant mieux la tristesse dans sa voix que c’était quelque chose de particulièrement d’incongru chez elle.
- Tu n’aimais pas tes parents ou alors eux ne t’aimaient pas ?
- Alors, là, fils d’Orhan et d’Elinor, c’est un sujet bien trop compliqué, même pour un héros de 7 ans et demi. Tout le monde sait que, dans une famille, l’amour ne suffit pas toujours. Mais oui, nos relations étaient assez compliquées. Remercie les Dieux chaque jour d’avoir des parents comme nous... Je ne dis pas qu’on est parfait, mais enfin... on fait de notre mieux ! Toujours est-il que tes grands-parents n’ont pas compris que leur fille s’évadait presque tous les soirs. Oh, à propos, j’avais alors plus de deux fois ton age, alors n’envisage même pas d’en prendre de la graine. D’accord, mon cœur ?
- Oui, m’man, articula-t-il, devant le regard pénétrant de sa mère.
- Et en fait, comme on parle de toi, c’est à peu près à ce moment là que j’ai su que tu allais arriver... Elinor fit un grand sourire à son fils et continua : tu penses que nous étions heureux. Et moi, j’aurais laissé les choses continuer ainsi sans le moindre souci. Mais tu connais ton papa : droit comme l’épée de Tyr. Il a décidé qu’il fallait qu’on se marie. Et il a même trouvé un vieux clerc qui a accepté de nous unir. Bien sûr, tes grands-parents étaient fous de rage. Et c’est comme ça qu’on a quitté Padhiver.
- Tu savais déjà que tu serais Imagière ?
- Non, pouffa-t-elle. C’est une idée de ton papa : il était persuadé que j’avais le don pour ça ; ma foi, il avait peut-être raison… Et puis, j’imagine que quand on épouse un coutelier rémouleur ambulant, c’est le plus beau plan de carrière qu’on puisse imaginer.
- Mais c’est un travail que tu aimes bien faire ? Et moi je ferais quoi comme travail après ?
- Mm’oui, j’aime faire ce travail. Surtout quand les commandes n’arrivent pas toute en même temps. Mais ce n’est pas non plus parfait… Regarde mes mains : on voit que l’acide n’aime pas la peau des vivants.
Niram trouvait les mains d’Elinor, ainsi que la peau qui les recouvraient, tout à fait ravissantes. Il l’avait vue une fois, lors d’une foire, jouer de la harpe. Et il était depuis convaincu que sa mère était la créature la plus aboutie de tout l’univers.
- Mais en ce qui te concerne, reprit-elle après un regard sur ses mains, eh bien, tu feras bien ce que tu voudras. Du moins, je t’encourage à en faire ton possible. L’âme se dessèche à s’occuper de choses inintéressantes. Tiens, je ne sais plus qui a dit ça…
- Euh, je crois que je ne comprends pas.
- Oui, c’est normal, mon cœur : c’est de ma faute. Tu es encore un peu jeune pour penser à ces choses là. Nous en reparlerons dans deux ou trois ans.
Elinor posa son ciseau, remit un peu d’ordre dans ses outils, et fit le tour de l’établi. Niram n’osa pas se retourner quand elle arriva derrière lui : elle regardait son travail par-dessus son épaule – il sentait l’odeur de jasmin qui l’accompagnait –, et s’il voulait qu’elle soit fière de lui, il ne devait surtout pas s’arrêter maintenant. Il l’entendit siffloter ce petit air qu’elle employait parfois, et dont il ne connaissait pas encore le sens.
- Très bien… On fera peut-être quelque chose de toi, si les petits cochons ne te mangent pas.
- Quoi !?, s’alarma-t-il dans l’instant.
- Non, rien. C’est une expression idiote. S’il faut craindre des animaux, ce sont les loups, pas les gorets. Mais ce n’est pas ça qui compte, l’important c’est que tu débrouilles très bien.
- Merci, M’man, dit-il, la gorge un peu serrée.
- Non, non, c’est vrai. Tu as du talent. Tu sais ce qu’on dit : mieux vaut avoir de la chance que du talent, mais qu’à défaut de chance, le talent c’est déjà beaucoup. Non, vraiment… Tu écris nettement mieux que je ne le faisais à ton age. Qui sait ? Tu seras peut-être dramaturge. Vraiment, je suis fière de toi, fils d’Orhan… Mon cœur…
Son cœur à lui se gonfla tant qu’il risqua d’éclater. Niram résista de toute son âme pour ne pas se retourner et se jeter dans ses bras – il était trop grand pour ça maintenant.
Ce petit garçon de sept ans – et demi – aurait-il agi différemment s’il avait su que sa mère ne vivrait pas assez longtemps pour fêter avec lui son huitième anniversaire ?

A suivre…
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Lorac
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Lion Nombre de messages : 636
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MessageSujet: Re: Un enfant de la Dague   Un enfant de la Dague Icon_minitime02/07/08, 03:36 pm

La suite, la suite !! Very Happy cheers
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Elekiel
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Gémeaux Nombre de messages : 354
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MessageSujet: Re: Un enfant de la Dague   Un enfant de la Dague Icon_minitime11/07/08, 05:15 pm

Excellentissime !!!
En effet, à quand la suite ?! (Surtout quand on connaît l'adulte....)
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Ohzora
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Balance Nombre de messages : 666
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MessageSujet: Re: Un enfant de la Dague   Un enfant de la Dague Icon_minitime12/07/08, 10:14 am

j'avais commencé à le lire quand tu l'a posté, puis la fatigue m'avair pris ce soir la..

Mais la de bon matin *tousse* au réveil, c'est sympa.

Et pour faire dans l'original: à quand la suite geek
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Methil
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MessageSujet: Re: Un enfant de la Dague   Un enfant de la Dague Icon_minitime16/07/08, 07:58 am

Superbe texte (je ne dirais pas comme toujours pour ne pas faire souffrir votre légendaire modestie mon ami Wink)
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MessageSujet: Re: Un enfant de la Dague   Un enfant de la Dague Icon_minitime

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