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 Un enfant de la Dague, chapitre 3

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3 participants
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Jilezor
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MessageSujet: Un enfant de la Dague, chapitre 3   Un enfant de la Dague, chapitre 3 Icon_minitime20/12/08, 01:12 pm

Niram était tout simplement à bout de souffle. Pour tout dire, à chaque chasse à l’homme, il préférait passer son tour. Bien sûr, cette fois les choses étaient un peu différentes : aujourd’hui, c’était lui le gibier.
Pour autant qu’il pouvait en juger, il avait trois pisteurs aux trousses. Le premier qu’il avait repéré, c’était Tanrek. Si son nom lui allait bien, son sobriquet lui allait encore mieux : « le Roc ». Taillé comme un mégalithe, possédant autant de délicatesse qu’un éclat de silex, Tanrek n’était pas du genre à être étouffé par ses états d’âme. A la guilde, certains ajoutaient même qu’il avait du gravier à la place du cerveau. A l’époque, Niram avait goûté la plaisanterie avec ravissement – il faut dire qu’il n’était pas le dernier à se moquer de ses camarades – à l’heure actuelle, il trouvait l’idée beaucoup moins drôle : être poursuivi par un tueur aussi fort que stupide, il faut bien le dire, cela n’avait rien d’une sinécure.
Il était tombé sur Tanrek alors qu’il tentait de trouver un bateau pour quitter Padhiver. Jouant sur l’effet de surprise, Niram s’était rué – en dépit de tout bon sens – sur son ancien confrère. La chance lui avait souri : son adversaire avait basculé dans les eaux noires du port. Niram avait savouré cette victoire avec une joie cruelle, pas bien longtemps toutefois : contre toute attente, le Roc n’avait pas coulé – en d’autres termes, Tanrek savait nager. Niram avait révisé l’étendue de sa victoire : il avait réussi à retarder le Roc, ce qui ma foi n’était pas un mince exploit. Toutefois, il avait dû abandonner l’idée de quitter la ville par la voie des mers.
Son second pisteur, il ne l’avait vu que de loin : Elouàn, dit « les deux mains gauches ». Celui-là n’était ni bien malin, ni particulièrement costaud. Au départ, Niram avait cru que son surnom venait d’une éventuelle ambidextrie. La vérité, comme souvent, était bien plus triviale : tout le monde le raillait pour sa maladresse. Adroit ou pas, un homme armé représentait un danger réel. Surtout quand, comme Elouàn, il officiait en tant que rabatteur d’une meute. Une brute, un rabatteur et un cerveau, le schéma standard d’un groupe de chasseurs. Pour Niram, la question était la suivante : qui était le cerveau du groupe ? De cela dépendait sa survie.
Dans la guilde, on racontait que le Prince se mêlait parfois aux chasses, dirigeant directement ses troupes, assénant lui-même le coup de grâce. Ma foi, si la rumeur se révélait exacte alors Niram ne découvrirait jamais le meurtrier de sa mère : il serait lui-même mort bien avant, c’était aussi simple que cela. Il n’attendait pas la moindre pitié de la part de la guilde des Voleurs. Les « traîtres » ne faisaient pas long feu, il le savait.
Profitant de l’obscurité naissante, Niram se glissa, plié en deux, jusqu’à la porte suivante. Jamais il n’aurait cru que la rue pût être si longue. Il entendait, bien trop proche, la voix rocailleuse de Tanrek qui hurlait des menaces plus originales les unes que les autres. Niram n’était pas dupe : ils le poussaient tranquillement vers le centre ville. Ensuite, ils le coinceraient dans une impasse. S’il voulait éviter ce scénario funeste, Niram ne devait pas se contenter de réagir, il lui fallait reprendre le contrôle de la situation, à n’importe quel prix. Comment ? Il l’ignorait encore, il espérait juste qu’il n’était pas déjà trop tard. S’il avait dû choisir, il aurait espéré que le cerveau du groupe soit Guérand, plus communément appelé la « Buse ». Entre le Prince et la Buse, il y avait une quantité de choix : pour l’instant, Niram estimait que la majorité d’entre eux conduisait à sa mort – il trouvait l’idée relativement contrariante. En plus, il n’avait sur lui qu’une dague dont le bout était brisé. De toute façon, même si sa vie était en jeu – enfin, elle l’était déjà – il n’utiliserait jamais cette arme pour se défendre. Pas cette dague-là.
Il avisa une rue qui partait vers l’est. Impossible de s’y glisser néanmoins : Elouàn s’y trouvait déjà, inspectant chaque porte, chaque cachette potentielle. Il ne pouvait prendre que vers le centre, encore. Niram ré-évalua ses chances… A la baisse… Vous cherchez vraiment à me pourrir la journée, les gars, pensa-t-il. De seconde en seconde, il récupérait son souffle. C’était peut-être sa chance, d’ailleurs : les devancer, foncer vers le piège probable avant qu’il ne soit trop fignolé. Peut-être même qu’ils n’auraient pas le temps de le monter, ce piège. Un plan qui en valait un autre.
Il s’apprêtait à se lancer, quand une voix familière le stoppa net :
- Niram !? Tu peux encore sauver ta carcasse ! Rends-toi…
La voix de « Lynx ». Ainsi donc, c’était elle, le cerveau du groupe. Très bon choix, estima Niram, en soupirant. Ses chances baissaient encore. Très bon choix, tout d’abord parce que Lynx était la version féminine de l’efficience. Très bon choix, surtout, car Niram n’était pas franchement neutre vis-à-vis de la dite Lynx.
Quand il était entré à la guilde des Voleurs de Padhiver, il était vaguement tombé sous son charme. Pour dire les choses comme elles le sont, c’était surtout son contrôle, son sang-froid, en fait son détachement qui l’avaient captivé. Oh ! bien sûr, elle avait un corps svelte, élancé à l’avenant de son sobriquet, ce qui ne gâchait rien. Ce que Niram ignorait alors, c’est que son sobriquet complet était un peu plus long, il s’agissait en fait de « œil-de-lynx ». Là aussi, c’était une plaisanterie, cruelle dans son cas. Elle ne devait pas son surnom à des talents d’archère d’élite, non, elle le devait au fait d’être borgne. Lynx avait perdu son œil droit – ainsi que gagné une cicatrice presque verticale, qui des années après, laissait encore une balafre d’un blanc d’autant plus maladif que le reste de sa peau était doré. Lynx parlait très peu : aussi dix histoires circulaient dans la guilde, chacune rapportant une version différente de la perte de son œil droit.
Malgré cette difformité, la majorité des mâles de la guilde auraient bien voulu se faire une petite place dans son lit – pour peu que ce fût du côté gauche du dit lit, bien sûr. Lynx, toutefois, les traitaient tous de la même façon : avec la plus totale indifférence. Dans un premier temps, elle avait même dû sortir ses griffes ou plus exactement jouer du couteau afin de montrer à quel point elle était… indifférente, justement.
Niram avait, lui, envisagé de se faire une petite place dans sa vie – que ce soit à sa droite ou à sa gauche, d’ailleurs. Il avait donc, encore qu’un peu mollement, commencé à lui conter fleurette à la façon d’un gentilhomme : présent et attentionné. Outre le fait d’être devenu la risée de la majorité des mâles déjà évoqués, Niram n’avait récolté de la part de Lynx rien de plus que de son habituelle indifférence. N’ayant pas reçu de coups de griffes, il avait pris cela pour un encouragement à continuer, avec une invite toutefois à affiner son approche.
Cent fois sur le métier, tu remettras ton ouvrage, s’était-il dit. Il s’était alors lancé pendant plusieurs semaines à la recherche de la meilleure façon de l’émouvoir, voire de lui plaire. En désespoir de cause, il s’était rabattu sur la plus simple : il l’avait pris pour modèle. Dès cet instant, il avait essayé de devenir un spécimen d’efficacité et de détachement, acceptant toute mission sans ostentation, refusant toute gloire et tout honneur.
Pas après pas, plus ou moins à l’aveuglette, il avait suivi son petit bonhomme de chemin. Au fil des mois dans la guilde, il avait gravi les premiers échelons en apprenant à crocheter une serrure, à se grimer en quelques instants, à filer discrètement un individu, à détrousser un bourgeois, à reproduire un document, ainsi qu’un milliard d’autres petites choses utiles. A part les techniques de combats. Non pas par lâcheté ou par peur… C’est qu’il avait un plan : Lynx était le meilleur instructeur de la guilde en matière de combat à mains nues. Niram avait espéré qu’elle l’inviterait à un entraînement en tête à tête.
Malgré la situation présente, ces souvenirs arrivaient encore à instiller de la chaleur en lui. L’invitation de Lynx était venue au moment où il ne l’attendait plus. Il ne l’avait pas déclinée. Ils s’étaient entraînés ensemble. Enfin dans un premier temps, il avait plutôt eu l’impression de recevoir une véritable correction. Elle ne l’avait pas ménagé, il avait même pensé qu’elle lui faisait payer ses prétentions. Ce qui rendaient ces souvenirs chaleureux, c’est qu’à la toute fin en détournant un de ses coups, il avait réussi à emprisonner une de ses mains dans les siennes, un peu trop longtemps. Elle ne l’avait pas retirée non plus. Pas aussitôt en tout cas.
Que se serait-il passé après ? Parce que, d’une certaine façon, c’était plutôt prometteur, non ? Impossible de le savoir maintenant : sa mission s’était rappelée à lui, il avait été choisi pour garder un entrepôt, celui qu’on appelait le « coffre-fort de la guilde ». De plus, on lui avait affecté un ancien, « Darron », un type sûr, loyal à la guilde, simplement un poil trop vieux pour être vigilant ou opposer trop de résistance. Niram avait bien vu le signe que le destin lui accordait. Il n’aurait pas de meilleure occasion pour voler le Prince des Voleurs.
Vraiment très bon choix, soupira Niram en pensant à Lynx, conscient de la dizaine de secondes qu’il avait perdu à évoquer ses souvenirs. Il tirait cependant quelque chose de positif de cela : l’entraînement, même sommaire, que lui avait prodigué Lynx serait sans doute efficace contre le plus faible de ses trois poursuivants. Il faudrait agir promptement, frapper à la carotide, poing fermé. Elouàn en mourrait peut-être, c’était un risque à courir, car si Niram ne souhaitait la mort de personne, il voulait avant tout continuer à vivre : il n’avait que vingt-et-un ans après tout.
Restant à l’abri, il attendit que la silhouette de « deux mains gauches » apparaisse débouchant de la rue d’où il venait. Ce qui ne manqua pas d’arriver, malheureusement Lynx était à ses côtés. Encore un plan qui tombe à l’eau, pesta Niram. En se retournant, il distingua le Roc qui bloquait l’autre entrée de la rue. Pris au piège, comme il l’avait d’ailleurs prévu. Ils progressaient tous assez longtemps, craignant que Niram ne se dissimule dans quelque recoin. Il lui restait encore un peu temps. Il ré-évalua une dernière fois ses chances – à présent nulles – et estima que le mieux à faire était de profiter de ce petit sursis pour se remémorer les moment forts de sa vie. Lynx, bizarrement, fut la première à s’imposer à lui, suivie de peu par le souvenir de son père, Orhan, puis de sa sœur, Milà, qui devait avoir bien grandie maintenant, puis enfin de sa défunte mère, Elinor. Son visage, et sa voix s’effaçaient dans la mémoire de Niram – elle était partie depuis si longtemps – mais il n’avait pas oublié la fragrance de jasmin, il avait l’impression de la sentir, derrière son dos. Niram huma l’air ambiant. Il y avait bien une odeur de jasmin qui y traînait. Voilà qui est insolite… C’est toi, maman ? s'interrogea-t-il. Encore qu'en vérité, il n’avait aucun doute : il s’agissait bien d’un message. Les assassins se rapprochaient toujours, seulement cette fois, il avait un espoir. Il se mit à chercher.
Là, à moins de dix mètres, il la vit : une grille en fer forgée qui interdisait l’accès à un jardin privé. Vouloir s’introduire dans ce genre d’endroit était assurément une folie. En l’état, Niram n’était plus à une folie près. Il se faufila jusqu’à la porte de ce Paradis. Verrouillé, bien sûr. Il s’attela à la tâche, sachant que la crocheter ne serait que la moitié du travail : il faudrait ensuite la refermer derrière lui.
Il avait presque fini quand il entendit le Roc pousser un cri terrifiant et se ruer sur lui. Le choc ébranla la grille, mais Niram l’avait refermée juste à temps. Lynx et Elouàn arrivèrent quelques secondes plus tard. Elouàn fit mine de s’acharner sur la serrure, ce qui ne trompa pas le moins du monde Niram. Ce dernier se fixa sur Lynx, dont le regard était neutre. Il dit :
- J’aurais aimé que les choses se passent différemment, tu le sais. Je ne voulais pas ça…
- Je me doute, personne n’aime se faire prendre en train de voler la guilde. Evidemment !
- Non, Lynx, ce n’est pas ce que je voulais dire… Peu importe, souffla-t-il. J’ai juste récupéré quelque chose qui m’appartenait de droit, conclut-il en montrant la dague brisée.
- Peu importe tes raisons, le Prince te veut mort maintenant. Et il t’aura, un jour ou l’autre !
- Oh, Médyza, comment peux-tu être à la fois si belle et en même temps si froide ?
- Eh bien, j’imagine qu’on a tous nos petits secrets. N’est-ce pas Niram ? Dans le but évident de mettre un terme à cette conversation, elle tira un poignard de jet de sa ceinture.
Niram s’éloigna à toute jambe. Le poignard le rata de moins d’un pouce. L’avait-elle raté sciemment ? Etait-ce à dessein qu’elle l’épargnait ? D’ailleurs, de quels secrets voulait-elle parler ? A cet instant, il aurait donné beaucoup pour pouvoir s’arrêter, parler avec elle, enfin lui poser toutes ces questions qui le tourmentaient. Evidemment, c’était tout bonnement impossible. Car à son grand regret, tel un fuyard, il quittait – une fois de plus – Padhiver.
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Lorac
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Lion Nombre de messages : 636
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Date d'inscription : 12/09/2006

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MessageSujet: Re: Un enfant de la Dague, chapitre 3   Un enfant de la Dague, chapitre 3 Icon_minitime22/12/08, 07:31 am

Excellent !!! cheers Very Happy
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Gémeaux Nombre de messages : 354
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Date d'inscription : 12/09/2006

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MessageSujet: Re: Un enfant de la Dague, chapitre 3   Un enfant de la Dague, chapitre 3 Icon_minitime10/09/09, 10:24 am

Mieux vaut tard que jamais dit-on !
Après avoir lu ces trois premiers chapitres, je n'ai qu'une chose à dire, à quand la suite ?!
Un enfant de la Dague, chapitre 3 Icon_cheers pour Niram
Me plaît beaucoup ce p'tit roublard !^^
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MessageSujet: Re: Un enfant de la Dague, chapitre 3   Un enfant de la Dague, chapitre 3 Icon_minitime

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